mercredi 25 mai 2016

Débat autour de l’éducation nationale à Paris

L’association Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA) a organisé, lundi à Paris, une soirée-débat autour de la situation et des perspectives d’avenir du secteur de l’éducation nationale dans notre pays. Animé par le leader syndical du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Achour Idir, et le sociologue Aïssa Kadri, l’échange a été voulu comme un «hommage au combat syndicaliste des enseignants contractuels en Algérie pour arracher leurs droits fondamentaux». «Nous sommes une association qui œuvre pour le changement et la transition démocratique en Algérie. Cela voudrait dire que nous devons apporter notre réflexion sur tous les sujets importants qui font partie du grand projet de la construction démocratique», a déclaré  Omar Kezouit, membre de l’ACDA, à l’ouverture du débat. Quant à Achour Idir, après avoir retracé l’historique des luttes des syndicats autonomes depuis les années 1990 particulièrement chez les enseignants contractuels – qui ont mené les mêmes mouvements sociaux en 1992, 2002, 2003, 2011 et 2016 – pour réclamer leur confirmation en tant qu’«enseignants à part entière, protégés contre la précarité de la contractualisation», il a réitéré l’engagement de ses pairs pour continuer leur «lutte contre la précarité de l’emploi jusqu’à son éradication dans le secteur de l’enseignement». Il a indiqué que les contractuels représentent encore près de 10% du corps des enseignants dans l’éducation nationale, les trois paliers confondus. Malgré «l’effort financier du gouvernement pour ce secteur qui représente 5% du budget de l’Etat», le syndicaliste estime que cela reste «insuffisant au vu des besoins quantitatifs et surtout qualitatifs qu’exprime l’école algérienne en matière d’enseignants». Pour lui, «l’éducation publique, gratuite et égale pour tous doit être défendue davantage par l’ensemble des acteurs sociaux et politiques en assurant une formation de qualité pour les enseignants et en améliorant constamment les programmes scolaires et leurs contenus» contre «la montée de l’école privée». Même si celle-ci ne représente que 1% des élèves algériens, selon lui, «cela risque de devenir un problème plus sérieux dans quelques années, puisque nous avons l’impression que l’Etat prépare les conditions nécessaires pour aller vers une privatisation progressive de l’éducation nationale.» Parmi les signes qui ne trompent pas cités par le conférencier, plusieurs fléaux persistent dans notre école publique sans que cela fasse réagir les autorités publiques : la surcharge dans les classes, la violence dans le milieu scolaire et le harcèlement sexuel.  De son côté, le professeur Aïssa Kadri a essayé d’apporter au débat une vision plus académique, basée sur des retours historiques observés dans ce secteur depuis l’indépendance. Selon son propos, «l’éducation qui est l’institution la plus déterministe dans la société est complètement marginalisée dans notre pays». Cette marginalisation ne peut qu’avoir des effets néfastes à cause d’une «désinstitutionnalisation totale de l’éducation nationale pour aller vers une massification au détriment d’une formation de qualité, à la fois pour les élèves et les enseignants qui les éduquent». Le spécialiste des questions liées à l’université et à l’éducation nationale a conclu en préconisant «la nécessité que les autorités publiques et l’ensemble des partenaires sociaux s’assoient autour d’une même table pour définir nos priorités et nos objectifs dans ce domaine, à moyen et à long termes, particulièrement en se basant sur nos besoins économiques.» «Néanmoins, il faut préciser qu’un tel projet doit obligatoirement passer par une volonté politique et ne peut se réaliser que dans un cadre politique plus démocratique où tout le monde peut s’exprimer librement», a-t-il conclu.                                               

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