dimanche 22 mai 2016

Diversion et «envahissement de terrain»

Les porte-parole du pouvoir parallèle qui tient en otage le pays depuis 2013 multiplient les diversions. Empruntant au ministre allemand de la Propagande, Joseph Goebbels, tous les instruments nécessaires pour mener leur campagne, ils montent au front pour tenter de faire avaler à l’opinion toutes leurs couleuvres. Mais pas seulement. Incapables de trouver des réponses aux défis économiques lancinants qui sont posés au pays, et impliqués dans une pléthore de scandales, d’affaires de corruption et de détournements des deniers publics qui ont grevé considérablement les réserves de l’Etat, les propagandistes des temps modernes font tout pour que les Algériens regardent ailleurs. Quitte à mettre le feu à la maison,  ils créent des simulacres de sujets et des points de fixation «politiques» et tentent, vainement, de réduire l’ampleur de la pression populaire qui pèse sur eux et sur leurs instigateurs, qui s’affairent à résoudre la problématique de la succession qui visiblement se corse. Depuis quelques semaines, on assiste à une offensive sans précédent contre toutes les voix libres qui refusent de cautionner les plans de la caste au pouvoir. De l’affaire El Khabar à la sortie, hier, du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, la nouvelle escroquerie se confirme. En effet, ils veulent, à tout prix, cacher leur responsabilité dans la faillite du pays afin de maintenir en place le même régime qui leur assure la protection et les privilèges. Leur «tireur d’élite» est, sans nul doute, l’inénarrable Amar Saadani qui traîne plusieurs casseroles. Refusant de s’expliquer sur toutes les affaires dans lesquelles il a été cité et bénéficiant, certainement, d’une protection qui empêche la justice de le rattraper, l’actuel patron de l’ex-parti unique se donne même le beau rôle. Préférant gérer ses affaires au moment où des militants et des journalistes indépendants dénonçaient les graves dépassements de la police politique, Amar Saadani, qui donne l’impression de découvrir le DRS et la Sécurité militaire en 2014, joue «la vedette». Comble de l’ironie, il accuse, aujourd’hui, les victimes des pratiques de ce service d’être à la solde du général Toufik et d’autres anciens hauts gradés de l’armée, accusés aujourd’hui d’être à l’origine de tous les maux du pays. N’avait-il pas déclaré, lorsqu’il a été acculé quant à l’affaire de l’achat de son appartement luxueux à Paris (France), qu’il avait remis un dossier concernant le transfert des devises au général Toufik ? Qui a donc des rapports étroits avec le DRS ? Ce ne sont certainement pas El Watan et les journalistes courageux qui ont dénoncé les scandales de corruption qui se sont multipliés depuis 1999. La presse et Rebrab : les nouveaux boucs émissaires Cette montée au créneau des affidés du pouvoir a aussi d’autres objectifs, liés étroitement à l’organisation de la succession. Tout en voulant forcer la décision de la justice dans l’affaire «commerciale» d’El Khabar, dont la nouvelle audience est prévue pour mercredi prochain, les meneurs de la propagande s’efforcent encore à taire tous les débats autour des questions brûlantes de l’actualité. Ainsi, au lieu d’expliquer aux Algériens par quel miracle le pays, l’un des plus riches d’Afrique, se retrouve aujourd’hui dans une crise économique aiguë, les responsables de cette situation excellent dans la navigation à vue. Pour éluder le sujet et retarder au maximum l’échéance de leur mise à nu, les tenants du pouvoir et leurs partisans continuent leur fuite en avant. Pis, ils ne proposent aucune solution de sortie de crise qui ne fait pas, vraisemblablement, partie de leurs priorités pour le moment. En panne d’idées, ils s’attaquent à tous les exemples de réussite qui leur échappent, dont la presse et l’homme d’affaires Rebrab, devenus de nouveaux boucs émissaires. Il semblerait que les succès sans les magouilles sont interdits pour eux. Au moment où tout le monde, y compris d’anciens ministres proches du chef de l’Etat, s’interroge sur l’avenir du pays, «le groupe restreint d’hommes qui tiennent le pouvoir de décision», comme le dit Dahou Ould Kablia,  ne se soucient que de leur pérennité et celle de leur clan. Khelil, Bouchouareb et les Panama Papers C’est dans cette logique qu’ils essayent aussi, avec ces diversions, d’enterrer le plus grand scandale du siècle, en l’occurrence l’affaire Sonatrach 2. Après avoir contraint la justice à se déjuger, ils mènent campagne pour laver de tout soupçon les premiers concernés, à savoir Chakib Khelil et sa famille qui disposent, selon les documents révélés par les Panama Papers, de comptes garnis dans les paradis fiscaux. Leur entreprise vise également à passer sous silence le recours de Abdesselam Bouchouareb, un ministre en exercice, à la création d’une société-écran pour y placer son «héritage». Réussiront-ils à imposer le silence sur ces questions ? Jusqu’à quand ? Tôt ou tard, la vérité finira par éclater…                                         

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