dimanche 22 mai 2016

La journaliste qui empêche Saadani de dormir

Dans un nouvel accès d’hystérie, Amar Saadani s’en est pris, de manière éhontée, à l’une des journalistes les plus émérites de la presse algérienne. Il a osé citer nommément Salima Tlemçani, à qui il reproche, toute honte bue, d’avoir «des sources». Lui qui a passé sa vie politique à chercher des soutiens, y compris au sein de la police politique qu’il brocarde, aujourd’hui que le général Toufik est en retraite, fait donc l’amalgame et fait de tous les écrits qui ne sont pas en faveur du régime des mensonges. Amar Saadani, dont la place est avant tout devant des juges et non à la tête d’un parti qui porte le sigle du front qui a libéré le pays du joug colonialiste chez qui beaucoup d’amis de Saadani vont se soigner, a par contre oublié de dire des vérités. Il a surtout omis de préciser que s’il n’a pas aimé le dernier article signé par Salima Tlemçani autour des luttes que se livrent les tenants du système concernant la succession au pouvoir, c’est justement parce que l’information est vérifiée. En aucun cas, celui qui s’exprime au nom du FLN n’a contesté le fond de cet article qui reflète la réalité du pouvoir d’aujourd’hui. Il sait que cet article, au même titre que ceux qui dérangent le pouvoir, est fouillé, vérifié. C’est ce professionnalisme qui dérange Saadani et ceux qui sont comme lui. Amar Saadani a oublié de dire que lorsque ses amis et lui étaient  protégés par le DRS ou partis à l’étranger, Salima Tlemçani risquait sa vie pour rapporter une information fiable et vérifiable. Elle avait même osé défier les interdictions des services de sécurité qui voulaient imposer l’embargo sur l’information sécuritaire. Devant cette volonté des autorités de cacher la vérité aux Algériens, notre consœur est allée compter elle-même les tombes des victimes du massacre de Bentalha pour rester près de l’information. C’est ce courage, cette opiniâtreté qui fait d’elle une journaliste d’exception. C’est encore elle qui a pris sa plume et son courage pour aller réaliser un reportage sur le ratissage effectué par l’armée dans les montagnes de Kabylie lors du kidnapping, en septembre 2014, du touriste français Hervé Gourdel. C’était elle qui avait réalisé, également, un reportage sur le travail qu’effectue l’ANP le long de la frontière avec la Libye. Elle est allée au front, tout près de la source d’information. Ses sources sont algériennes et elle n’a quitté le pays que très rarement. Elle se fait soigner dans son pays, malgré les défaillances créées par ce pouvoir dont les principaux acteurs partent en France à la moindre douleur. Comme l’ensemble des journalistes d’El Watan, Salima Tlemçani est rigoureuse dans sa recherche de l’information. Ses nombreuses enquêtes sur la corruption sont une référence. C’est le cas des frasques de Amar Saadani dans l’affaire dite de la Générale des concessions agricoles, ou encore des comptes secrets de Chakib Khelil en Suisse. Des enquêtes qui ont non seulement valu à notre collègue sa réputation, mais la reconnaissance internationale. Le secrétaire général du FLN, qui est loin d’être un exemple de militantisme, ignore probablement que dans tous les pays du monde, un journaliste a des sources d’information. Ces outils de travail sont d’autant plus indispensables que nous vivons dans un pays fermé. Et lorsque les sources officielles ne communiquent pas, les journalistes les plus talentueux utilisent alors leurs propres contacts pour aller chercher de l’information. C’est ce que fait Salima Tlemçani. La recherche de la vérité se poursuivra. La lutte pour une presse digne et crédible aussi.  

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