Une gerbe de fleurs a été déposée au pied de la stèle à l’effigie de Bouzid Saâl, abattu par un commissaire de police parce qu’il avait non seulement repris le flambeau de Aïssa Cheraga, le premier porteur du drapeau, mais refusé de livrer l’emblème national, symbole de l’identité de tout un peuple. Comme il y a 71 ans, des centaines de personnes ont participé, hier à Sétif, à la marche pour la mémoire. Pour que nul n’oublie, la foule a emprunté le même itinéraire que la procession pacifique réprimée le «mardi 8 mai 1945». Pour une transmission authentique de la mémoire, les Scouts musulmans algériens (SMA) étaient en tête du cortège qui s’est ébranlé depuis la mosquée Abou Dhar El Ghaffari (ex-mosquée de la Gare) pour rejoindre, quelques dizaines de mètres plus bas, l’avenue du 1er Novembre 1954. Elle a mis le cap ensuite sur l’avenue du 8 Mai 1945 pour s’immobiliser devant la stèle érigée à l’endroit même où s’écroula le premier martyr des massacres, Bouzid Saâl. Une gerbe de fleurs a été déposée au pied de cette stèle à l’effigie de Bouzid, abattu par un commissaire de police parce qu’il avait non seulement repris le flambeau de Aïssa Cheraga, le premier porteur du drapeau, mais refusé de livrer l’emblème national, symbole de l’identité de tout un peuple. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, a participé à cette imposante marche aux côtés des autorités locales, des moudjahidine et de citoyens dont un grand nombre de femmes, de jeunes et d’enfants s’intéressant de plus en plus à l’histoire contemporaine du pays. Il convient de préciser qu’une délégation française du mouvement associatif a participé à la marche. Composée de 27 personnes de plusieurs villes de la région parisienne, la délégation comprenant des binationaux et des Français s’intéresse à la mémoire : «Nous sommes émus, car nous venons de suivre le même parcours emprunté par une marche qui s’est transformée en un bain de sang. C’est émouvant. Ce déplacement s’inscrit dans la recherche de la vérité qu’on continue à dissimuler. Cette action citoyenne tend à lever le voile sur les crimes commis en Algérie. Sensibilisée, la société civile française s’active pour connaître la réalité de ce qui s’est passé en Algérie durant la colonisation. Concernant le volet de la reconnaissance, celle-ci vient d’en bas et non d’en haut. La reconnaissance de l’Etat français des crimes commis en son nom est inéluctable. D’autant plus que le mouvement associatif et des intellectuels font actuellement le forcing pour que la France officielle puisse regarder enfin son passé colonial», souligne Mohamed Bellal, président de l’association CAPE sur Ivry. Membre de l’association France-Amérique latine, Gérard Fenoy abonde dans le même sens : «L’Etat français, qui essaye d’évacuer de la mémoire collective les gravissimes crimes commis en Algérie doit, à mon sens, emboîter le pas aux jeunes appelés qui font leur mea-culpa pour les mêmes faits. Hantés par les crimes perpétrés le plus souvent à huis clos, ces derniers commencent à raconter, rien que pour soulager leur conscience. Notre présence à Sétif est à la fois un travail mémoriel et un hommage aux victimes de la tragédie de Mai 1945. Si l’on veut en finir définitivement avec l’épisode colonial, on doit inscrire ce pan de l’histoire dans la mémoire collective de notre pays.» Par la voix de son président Abdelhamid Salakdji, la fondation 8 Mai 1945 n’est pas restée indifférente à «cette action initiée par des membres de la société civile française, cette louable initiative plaide pour une mémoire apaisée et une meilleure compréhension de la tragédie de Mai 1945, qui demeure l’un des principaux contentieux dans les relations entre les deux pays…»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire