samedi 16 juillet 2016

L’âge de la barbarie

Un carnage. Un massacre. Une tragédie. Nice, charmante ville méditerranéenne, a été plongée dans l’horreur alors qu’elle célébrait dans la joie la fête du 14 Juillet. Une nuit de cauchemar sur l’une des plus belles promenades au monde. Un acte aussi lâche qu’ignoble, qui suscite indignation et révulsion. C’est le troisième attentat de masse depuis janvier 2015 perpétré en France, un pays devenu une cible des groupes terroristes. La menace s’installe et commence à devenir permanente. Si pour l’heure, il n’est pas établi que l’auteur du carnage de Nice ait un lien avec la nébuleuse terroriste islamiste, les premières analyses s’orientent prioritairement vers cette piste. Succédant à Al Qaîda d’Oussama Ben Laden, l’organisation terroriste labellisée Etat islamique promet le chaos au monde occidental. Dans le même temps, elle propulse le Moyen-Orient dans l’enfer. Les fous de Dieu frappent aveuglément partout et sans distinction. Tunis, Baghdad, Istanbul, Djakarta, Paris, Orlando, Bamako... Aucun continent n’est épargné. Leur idéologie est l’extermination de l’autre. L’organisation terroriste et ses satellites s’abreuvent d’un fondamentalisme religieux et massacrent au nom d’un islam. Des dizaines de musulmans en sont les premières victimes. Les marchands de la mort ont réussi à subtiliser cette religion pour en faire un instrument de légitimation de leur barbarie. Au départ, sans remonter trop loin dans l’histoire, le wahhabisme était la matrice idéologique préparant des milliers de personnes à tuer ceux qui ne cadrent pas avec sa très obscurantiste conception de l’islam. Cette tendance a agi et continue de le faire sous couvert d’un Etat, l’Arabie Saoudite, lui-même soutenu et protégé par la première puissance mondiale. L’épisode tragique qui a endeuillé Nice rappelle une fois de plus la nécessité de combattre non seulement les terroristes, mais aussi et surtout l’idéologie fondamentaliste alimentée par un wahhabisme qui se répand impunément. La monarchie wahhabite a été la fabrique du terrorisme. Pendant des années, elle a propagé une vision mortifère de la religion et formé des contingents de prédicateurs venus de pays musulmans. Des missionnaires qui prêchent la haine et la violence une fois retournés dans leur pays d’origine, qui prennent en otages des sociétés entières, parfois avec la complicité des gouvernements. Sous couvert de la raison d’Etat et d’intérêts économiques, les pays occidentaux refusent de voir le danger qui provient de cette monarchie golfiote. L’Arabie Saoudite, qui a été le point d’appui de la première et de la deuxième guerres contre l’Irak menées par les puissances occidentales et leurs alliés dans le Monde arabe, bénéficie encore des largesses de l’Occident. Il n’est plus possible de continuer à faire des concessions aux pays qui abritent et nourrissent l’extrémisme religieux sous aucun prétexte. L’intervention militaire américaine sous l’Administration Bush, en 2003, a non seulement installé le chaos au pays de Haroun El Rachid, mais a projeté toute la région dans des conflits inextricables. Elle a amorcé un processus de destruction massive qui ne cesse d’avoir des conséquences fâcheuses pour le monde entier, qui doit demander des comptes à Bush, à Blair et à leurs valets au Moyen-Orient. Si la France, la Tunisie ou le Mali sont confrontés aujourd’hui à un terrorisme aveugle, c’est toute la communauté internationale qui est interpellée. Elle doit agir. Et s’il est évident que la réponse sécuritaire est nécessaire et doit être implacable — à condition qu’elle soit menée dans le cadre de la loi et sans renoncer à l’exigence de démocratie — elle ne suffit pas à elle seule. Pour venir à bout du terrorisme, il faut le dissocier du terreau sur lequel il peut prospérer. L’injustice, les inégalités, les exclusions. Il faut partir de là. Nombre de pays sont plongés dans des crises desquelles surgissent des démons. La communauté internationale ne peut se contenter des professions de foi et des communiqués d’indignation sur le sort des peuples rongés par des guerres permanentes. Il n’est pas normal que l’on n’arrive pas à résoudre les conflits en Libye, en Syrie et au Yémen. Il y a urgence que le conflit du Proche-Orient trouve une solution juste et durable. Il est inadmissible de continuer d’empêcher les Palestiniens de jouir de leur droit à un Etat indépendant et souverain. La responsabilité de la communauté internationale est entière. Le triomphe contre le terrorisme passe par le règlement de ces crises. La victoire contre cette barbarie passe nécessairement par un nouvel ordre international qui ne soit plus fondé sur la domination des puissants. Le terrorisme est non seulement l’enfant légitime du totalitarisme, mais il est aussi la conséquence d’un monde inégalitaire fondé sur l’arrogance des puissants. Le terrorisme doit amener à repenser le monde d’aujourd’hui dans sa globalité.

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