jeudi 14 juillet 2016

«Le pouvoir veut la mort d’El Khabar»

L’affaire El Khabar est purement politique. Le pouvoir a programmé la mort du journal depuis plusieurs années, et ce, en usant de différents subterfuges.» C’est là le sentiment qu’éprouvent, aujourd’hui, les journalistes et le personnel administratif de ce quotidien. El Khabar, doyen des journaux arabophones indépendants, qui a contribué à l’avancée de la liberté d’expression et a payé un lourd tribut durant la décennie noire, est aujourd’hui menacé de disparition. Ce n’est pas le terrorisme qui a eu raison de lui mais le pouvoir, expliquent des journalistes, qui veut l’assassinat pur et simple du journal. «Les propriétaires du journal ont décidé de vendre leurs actions. Pourquoi le pouvoir s’en mêle-t-il ? Pourquoi le ministère de la Communication s’implique dans une transaction commerciale ?» s’interrogent les journalistes et employeurs de cette société. Tous disent ne rien comprendre à ce qui se passe et se demandent surtout pourquoi autant d’acharnement contre un quotidien qui a fait honneur au paysage médiatique algérien de par sa crédibilité, son sérieux et surtout la qualité de l’information qu’il offre chaque matin à ses lecteurs. Le pouvoir, rappellent les journalistes, refuse de donner de la publicité ANEP à El Khabar, ensuite il fait pression sur les annonceurs privés. Le but est d’asphyxier le journal et de le pousser à mettre la clé sous le paillasson. «Notre tort est d’avoir durant plus de 20 ans confectionné un produit de qualité. Apparemment, la ligne éditoriale du journal dérange beaucoup. Nos écrits ne sont nullement du goût de nos décideurs. Et comme nous ne brossons pas dans le sens du poil et parce que nous dénonçons sans tergiversation certains faits, le pouvoir veut nous casser et par la même museler toute voix contradictoire», s’offusquent les journalistes rencontrés hier dans les locaux du journal El Khabar. La pression et les déboires que subit le journal, depuis plus de deux mois, a certes «fatigué» les journalistes qui demeurent, toutefois, mobilisés et prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour sauver leur outil de travail.   Le verdict rendu hier par le tribunal de Bir Mourad Raïs concernant l’annulation du rachat du groupe El Khabar par NessProd, filiale de Cevital, n’a choqué personne. Le personnel d’El Khabar ne se faisait aucune illusion, il s’était préparé à une telle décision et s’attend d’ailleurs au pire à l’avenir. D’ailleurs, d’aucuns s’interrogent sur la célérité avec laquelle le tribunal a traité l’affaire dans le fond. L’examen de l’action en référé introduite par le ministère de la Communication pour l’annulation de la cession de parts du capital d’El Khabar au profit d’une filiale du groupe Cevital a traîné et a connu plusieurs reports parfois inexpliqués. «Lorsque l’affaire était en référé le juge n’était pas pressé de la traiter. Mais lorsqu’il a s’est agi de l’affaire dans le fond, le juge a décidé de l’expédier en deux séances, soit avant la clôture de l’année judiciaire. Pourquoi le rachat d’El Khabar par  le groupe NessProd préoccupe le gouvernement ? C’est là une preuve que le pouvoir a programmé la mort d’El Khabar et n’attendait que le moment et l’occasion pour mettre en œuvre son plan», tranchent les journalistes d’El Khabar.  

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