vendredi 7 juillet 2017

5 avantages d’accueillir le siège de l’Agence africaine du médicament

Pour l’Algérie, le défi du moment en termes pharmaceutiques c’est d’abriter le siège de l’Agence africaine du médicament. Ahmed Benfares, pharmacien et président du Conseil de l’Ordre des pharmaciens de la région de Blida, énumère les avantages d’une telle démarche. Décryptage. Renforcement des capacités de contrôle des produits pharmaceutiques Le Forum pharmaceutique international, organisé par l’Ordre national des pharmaciens, qui s’est tenu à Alger du 14 au 16 mai dernier, a, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud, fait de l’Agence africaine du médicament un de ses principaux objectifs. Nos institutions et le ministre de la Santé en tête se sont proposés d’héberger en Algérie cette agence. L’offre faite par l’Algérie sur proposition de nombreux pays africains est motivée par le savoir-faire algérien dans le domaine du médicament et de sa gestion, notre industrie pharmaceutique étant parmi les plus performantes d’Afrique, nous disposons d’un laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques, le LNCPP, de notoriété internationale puisque reconnu comme laboratoire de référence par l’OMS, nous avons une Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), récemment installée et suffisamment structurée pour apporter des solutions, nous sommes engagés dans des projets de biotechnologie de manière assez avancée, notre pays recèle aussi de nombreux cadres et experts pouvant officier dans cette agence. Donc, autant d’atouts qui font de notre pays un candidat de choix pour accueillir l’Agence africaine du médicament. Les rôles dévolus à cette agence seraient essentiellement : l’harmonisation des procédures et des réglementations en matière d’enregistrement pour la mise sur le marché des médicaments offrant ainsi une plateforme continentale uniforme. La sécurisation du médicament par des contrôles rigoureux de tout ce qui est importé ou produit localement, par l’élaboration d’une réglementation adéquate, par le développement de laboratoires de contrôle aux normes internationales, ainsi que par la mise en place d’un réseau de pharmacovigilance à même d’assurer une veille efficace. L’encadrement du développement scientifique des énormes ressources médicinales que recèle la médecine traditionnelle africaine. La présence en Algérie de cette agence, qui sera forcément aux standards internationaux, va stimuler encore plus notre système de contrôle et d’expertise par la mobilisation des professionnels de la santé pour répondre aux exigences nouvelles. La proximité d’une instance internationale est toujours utile par la dynamique qu’elle engendre autour d’elle. Harmonisation de la réglementation dans l’enregistrement et l’accompagnement en matière de bonnes pratiques Le médicament possède des propriétés curatives certes, mais il est de manipulation très délicate à cause des dangers qu’il pourrait représenter sur la santé, notamment par une utilisation inappropriée ou détournée de ses indications premières ou s’il n’est pas fabriqué selon de bonnes pratiques de fabrication établies ou à établir. Il est aussi délicat s’il n’est pas conservé et transporté selon les bonnes pratiques de conservation et de transport ou encore s’il n’est pas doté d’une traçabilité sans faille pour les risques de contrefaçon qui existent en Afrique. Toutes ces exigences qui entourent le médicament font que le secteur pharmaceutique est le domaine le plus réglementé qui soit dans les pays développés et qu’il doit le devenir chez nous par un renforcement de la réglementation déjà existante. L’harmonisation des réglementations entre les pays africains permet une politique médicamenteuse commune par l’établissement de normes communes, que ce soit pour les produits importés d’autres continents ou de fabrication africaine. Cette harmonisation facilitera aussi le placement de la production africaine dans les pays africains. Renforcement de la lutte contre la contrefaçon des médicaments La contrefaçon est un fléau qui prend une ampleur mondiale alarmante, elle représente un danger de santé publique, en Afrique subsaharienne, les médicaments contrefaits sont nombreux et occupent une place importante du marché au point de constituer une préoccupation majeure des pouvoirs publics et des autorités médicales. La contrefaçon profite à des réseaux mafieux bien établis qui opèrent à l’échelle internationale, allant des produits sans principe actif à ceux contenant des principes dangereux, voire hautement toxiques. Réglementer en assurant la traçabilité des médicaments est le meilleur bouclier contre la contrefaçon, une coopération efficace entre les pays sous le contrôle de l’Agence africaine du médicament permettra de réduire le fléau par un échange d’informations rapide et fructueux. Si notre pays a jusqu’à présent échappé à la contrefaçon massive, les causes, comme la pénurie chronique qui s’installe, favorisent la contrebande, à commencer par la prolifération du produit cabas qui évoluera certainement vers l’introduction des produits contrefaits si des mesures efficaces ne sont pas prises dans les meilleurs délais. Les produits cabas, quant à eux, entrent déjà dans la définition OMS de la contrefaçon parce que sans traçabilité. Promotion de la production locale de médicaments et conformité, disponibilité et accessibilité L’Afrique subsaharienne importe 90% de sa consommation en médicaments, un marché de près de 40 milliards de dollars, l’Algérie possède un potentiel industriel important, avec ses 80 unités de fabrication en exercice et les 50 autres à venir. Elle couvre 55% des besoins nationaux et peut prétendre à l’exportation. Une rationalisation de cette production dans le cadre d’un plan national puis africain ouvrirait de larges perspectives au produit algérien sur le marché africain. L’installation de l’Agence africaine du médicament chez nous pourrait promouvoir le produit algérien pour peu que le dynamisme des opérateurs rencontre la volonté à l’exportation des pouvoirs publics. La mise en place d’une telle agence établirait des règles africaines, supranationales, qui permettraient sans doute aux opérateurs d’échapper aux lourdeurs administratives et autres entraves locales. Retombées économiques pour l’Algérie et le continent africain Les retombées économiques de l’installation de cette agence en Algérie sont indirectes, en plus d’utiliser du personnel autant que possible algérien, c’est notre savoir-faire qui va s’améliorer d’une part et se monnayer d’autre part, ce sont les capacités de nos infrastructures, comme les laboratoires de contrôle et l’expertise de nos cadres, qui vont être mises à la disposition de cette agence, c’est l’avantage de la proximité qui va opérer par la mise en contact direct des opérateurs algériens, cette proximité permettra aussi de veiller à ce que nos intérêts et ceux de nos entreprises ne soient pas négligés. Le grand espoir, c’est de promouvoir les produits de l’industrie pharmaceutique algérienne en Afrique et de conquérir ainsi le marché africain avec des produits de haute qualité.  

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