dimanche 2 juillet 2017

Accusation de censure à Science Po Alger 3

Atteinte aux libertés académiques. Le doyen par intérim de la faculté des sciences politiques de l’université Alger 3 est accusé d’avoir bloqué une thèse de doctorat à soutenir traitant du «Rôle de l’élite au pouvoir dans le processus de transition démocratique en Algérie 1989-2016». Une thèse soutenue par Leila Sidhoum, maître-assistante dans la même faculté. Dans une lettre adressée à l’opinion publique et à la communauté universitaire, elle relate le récit du blocage, d’intimidation et du harcèlement politique. «Le président et les membres du jury, après avoir expertisé la thèse, donnèrent leur accord pour la soutenance et la date du 7 juin 2017 fut fixée à cet effet. Après la soutenance publique et la délibération secrète, le jury décide de m’attribuer la mention très honorable, sous réserve de supprimer certains paragraphes jugés par certains d’entre eux comme inopportuns.» Mais à sa surprise, l’universitaire découvre que le doyen de la faculté s’est employé depuis à bloquer la thèse au motif fallacieux qu’elle est «subversive». «J’ai scrupuleusement respecté ces réserves et remis, dans la semaine qui suivait, la thèse corrigée à Monsieur le président du jury, qui, à son tour, après consultation des autres membres, a rédigé le rapport final de levée des réserves. Ce rapport est remis au service de la post-graduation qui l’a transmis à son tour au doyen intérimaire de la faculté, Mohamed Khodja. Depuis lors, les obstacles et le harcèlement provenant du doyen intérimaire s’intensifièrent au mépris de la loi et de l’éthique», accuse-t-elle. Selon sa lettre de contestation, l’universitaire précise que le doyen en question «rejettera le rapport final du président du jury, entrant dans des considérations politiciennes et idéologiques, signifiant qu’il s’agissait d’une thèse subversive» et que «les services de sécurité étaient au courant (!!!)». Pis encore, selon elle, le doyen n’a pas hésité «à introduire un individu dans son bureau qu’il présentera comme un membre de la sécurité présidentielle et exiger du président du jury de soutenance que tout ce qui a trait au président de la République soit supprimé de la thèse». Une violation grave des franchises universitaires, une atteinte à la liberté académique. L’intimidation ne s’arrête pas là. M. Khodja «a fait retirer la thèse de la bibliothèque et le quitus de dépôt de mon dossier». Suprême manifestation de harcèlement caractérisé, «le doyen exigera de relire personnellement la thèse et de supprimer tout ce qui a trait à l’armée, au président de la République et au mouvement islamiste...», s’indigne Leila Sidhoum. Saisissant officiellement le ministère de tutelle, elle dénonce «une tentative de soumission des universitaires autonomes. Et un milieu qui voudrait nous imposer, à nous jeunes enseignants et à nos étudiants, une histoire aseptisée par une pensée unique à la nord-coréenne», s'insurge-t-elle.

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