samedi 1 juillet 2017

L’écrivaine Dihya Louiz s’en est allée

La jeune romancière Dihya Louiz, de son vrai nom Aouzellag Louiza, est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi, terrassée par une maladie qu’elle a combattue pendant près d’une année mais qui a fini par l’emporter à l’âge de 32 ans. Parents, amis et beaucoup de ceux qui l’ont connue, aimée et qui ont vu en elle un «espoir de la littérature amazighe», l’ont accompagnée hier à sa dernière demeure, dans son village natal de Taourirt, dans la commune d’Ighzer Amokrane. C’est ainsi à l’amorce d’une belle carrière que la Faucheuse vient de mettre fin brutalement. Dihya Louiz est lauréate du prix Mohamed Dib du meilleur roman en langue amazighe en 2016. Son manuscrit, Ger iguenni d tmurt (Entre ciel et terre), raconte l’histoire d’une maquisarde, Fadma Ibaliden, qui a subi la torture du colonisateur français. Dihya Louiz a aussi écrit une nouvelle en kabyle, Berru (Le divorce) publiée dans un recueil, Ifsan n Tamunt, qui porte la signature de 11 auteurs amazighs d’Afrique du Nord. La défunte, qui manie aussi la langue française, nous laisse également deux romans en langue arabe. Sa aqdhifou nafssi amamaka (Je me projetterai à tes pieds), publié en 2013 aux éditions El Ikhtilaf, et Difaf (Liban) est inspiré des événements du printemps noir qui ont endeuillé la Kabylie en 2001 et met en scène Myriam, une femme en détresse. Les récits de Dihya Louiz sont des espaces de parole pour la femme. Djasad yaskounouni (Un corps m’habite), publié aux éditions Tira en 2012, est aussi l'histoire d’une femme, Farida, qui affronte son destin. Dihya Louiz a aussi affronté son destin. Doctorante en économie, elle a activé au sein du Café littéraire de Béjaïa. «Elle s’est battue dignement contre sa maladie et est restée lucide», témoigne Kader Sadji du Café littéraire. Dihya Louiz a l’âme sensible d’une poétesse qui se sait prise dans le piège de la maladie. «Tajmilt/I wid iyi hemlen/Tanemirt-nwen/Yes-wen i tt-demmireɣ ussan/Aken-ihrez Rebbi seg ɣeblan/Ass-n mi ara d steqsi/Lmut ɣer ɣur-i/Ɣur-wat ad sleɣ i ymetti/Akken yebɣu yili/Id seddaɣ gar-awen/Ama d lferh neɣ d lehzen/Tella-m akk yid-i/Tefkam-iyi-d afud lɛali/Mi akken ruheɣ dayen/Get abrid i tmeɣra/Nadi-ted tadsa/Intas dayen i tebɣa/Akken ad tethenni anda tella...» Dans ce poème-testament, qu’elle a écrit en kabyle un mois avant sa mort et qui est sur son compte Facebbok, elle dit ses dernières volontés que nous traduisons comme suit : «Hommage/a ceux qui m’aiment/merci à vous/grâce à vous je survis/Que Dieu vous préserve des épreuves/le jour où elle viendra/la mort vers moi/que je n’entende pas les larmes/malgré tout/ce que j’ai vécu auprès de vous/de la joie ou de la peine/vous étiez à mes côtés/vous m’avez encouragé/maintenant que je suis partie à jamais/faites place à la fête/cherchez le sourire/dites lui que c’est sa volonté/pour qu’elle repose en paix là où elle est.» Repose en paix poétesse.    

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