samedi 1 juillet 2017

Mise en examen de la compagnie Swiftair

Le document de 250 pages montre comment Swiftair a clairement manqué à ses obligations, notamment en matière de formation des pilotes. La compagnie espagnole Swiftair a été inculpée jeudi dans l’enquête en France sur le crash d’un avion d’Air Algérie, dans lequel 116 personnes avaient péri en 2014, les juges soupçonnant d’importants manquements dans la formation des pilotes, selon des sources concordantes. La compagnie a été mise en examen pour «homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité». Dans la nuit du 24 juillet 2014, le vol AH 5017 de Swiftair affrété par Air Algérie, reliant l’aéroport de Ouagadougou (Burkina Faso) à Alger, s’écrasait dans le centre du Mali (près de Gossi). A son bord, 6 membres d’équipage et 110 passagers, parmi lesquels 54 Français, 23 Burkinabés, des Libanais et des Algériens. L’instruction judiciaire avait été ouverte en France le 29 juillet. Il s’agit de la première mise en examen dans ce dossier. L’enquête a été accablante pour la compagnie espagnole. En décembre dernier, les experts judiciaires rendaient leurs conclusions aux magistrats instructeurs. Le document de 250 pages montrait comment Swiftair a clairement manqué à ses obligations, notamment en matière de formation des pilotes. Le commandant de bord avait effectué 647 heures de vol, ce qui fait dire aux experts : «En tant qu’activité annuelle, 300 heures de vol correspondent à peine à une activité semestrielle de pilote (60 heures par mois), qui est minimale pour maintenir à elle seule une expertise suffisante sur les opérations normales de l’appareil.» L’accident a été provoqué par la non-activation par les pilotes du système d’antigivre des moteurs, suivie du décrochage de l’avion, un MD 83 du constructeur américain McDonnell Douglas, qui n’a pu être rattrapé par les pilotes. Cette cause avait déjà été identifiée par le Bureau d’enquêtes et d’analyse français pour la sécurité de l’aviation civile (BEA). Les deux pilotes de Swiftair, tous les deux saisonniers, n’avaient pas volé pendant huit mois avant le crash, selon une source proche de l’enquête. «Pour les experts, cette période d’inactivité aurait dû les conduire à suivre un stage de réadaptation», a expliqué à l’AFP Sébastien Busy, avocat qui représente l’association de victimes AH5017-Ensemble. «La copilote était aussi puéricultrice dans une crèche d’enfants», s’est-il étonné. «A quelques jours de la troisième commémoration du drame, cette avancée du dossier pénal va dans le sens que nous attendions et nous laisse espérer la possibilité de la tenue d’un procès qui permettra, comme le souhaitent ardemment les familles et proches des disparus, la manifestation de la vérité et la mise au jour de tous les éléments ayant contribué à la catastrophe», a déclaré l’association dans un communiqué parvenu à l’APS. Sandrine Tricot, épouse d’un des passagers et présidente de l’association AH5017-Ensemble, a déclaré à des médias français : «C’est une très grande satisfaction que cette mise en examen, mais ce n’est qu’un premier pas. Toutes les familles qui se sont portées partie civile craignaient un non-lieu. On a vite réalisé que ce serait long et même très long. On sait qu’on ne saura jamais toute la vérité puisqu’une des deux boîtes noires reste inexploitable, mais peu à peu, le voile se lève.»  

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