dimanche 2 juillet 2017

Les partis et les syndicats réservés

Face à une situation économique délicate, le Premier ministre tend la main aux partis politiques et aux principaux syndicats autonomes. En effet, le gouvernement cherche à tout prix à constituer le plus large front, avant de lancer sa politique d’austérité. Face aux députés, puis aux sénateurs, M. Tebboune a détaillé son plan d’action et annoncé une réflexion sur une refonte des mécanismes d’aide sociale, avec en point de mire la révision des subventions. Cette décision intervient alors que l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a attendu juin 2015 pour reconnaître le danger de la situation économique et prendre une série de mesures tardives de restriction des dépenses et des importations, de hausse des taxes, de suppression… Comme à chaque fois quand les choses vont mal, le régime redécouvre les bienfaits du dialogue social et politique. En 2011, au lendemain du Printemps arabe, le pouvoir s’est empressé de lancer une série de consultations avec les principaux acteurs politiques et sociaux autour de la révision de la Constitution. Cette fois-ci, alors qu’il peut  compter sur le soutien total des deux plus importants partis politiques, FLN et RND, et du syndicat maison, l’UGTA, il a besoin de convaincre les autres acteurs politiques et sociaux de la nécessité de mener une politique d’austérité dont les principales victimes risquent d’être les couches les plus fragiles. Si les partis et les syndicats sont ouverts à la discussion, chacun pose un préambule à sa participation, d’autant que tous ignorent les contours de cette consultation. «On ira, affirme Meziane Meriane, coordinateur national du Snapest, même si on est sceptique sur la démarche conjoncturelle du Premier ministre. Cette invitation nous rappelle celle de 2011 avec la révision de la Constitution et l’appel du pied du régime en direction de l’opposition pour participer à l’enrichissement du texte. On est loin de la rupture politique avec le passé à laquelle nous appelons de nos vœux.»  Même scepticisme exprimé par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).   Dialogue social Par la voix de son chargé de la communication, Yassine Aïssiouane, le parti pose un préambule à sa participation à l’offre de dialogue formulée par Abdelmadjid Tebboune. «Si nous sommes ouverts à la discussion, nous réclamons une tripartie élargie à tous les syndicats», rappelle M. Aïssiouane. Une position que le patron du parti, Mohcine Belabbas, avait détaillée au lendemain du discours du Premier ministre à l’APN. «Pour le RCD, le dialogue avec les partenaires sociaux représentatifs doit être la règle. Cette démarche ne doit procéder ni d’un bricolage de circonstance ni d’une improvisation. Le cadre de la tripartite rénové, c’est-à-dire ouvert aux syndicats autonomes et à toutes les organisations professionnelles et patronales à égalité, est l’instrument idoine» a-t-il affirmé. Du côté de Souidani Boudjema, au siège du FFS on est comme à chaque fois prudent.  Hassen Ferli, chargé de la communication du parti, assure que sa formation ne s’est toujours pas positionnée sur l’offre de dialogue lancée par M. Tebboune : «Nous n’avons pris aucune décision pour l’instant, car nous n’avons reçu ni invitation ni ne savons quelle forme prendront ces consultations.» Par contre, le Premier ministre peut compter sur la bienveillance du Parti des travailleurs (PT) et sur sa participation à l’offre de dialogue. Depuis l’arrivée à la tête du gouvernement du nouveau Premier ministre Tebboune, Louisa Hanoune ne tarit pas d’éloges à son égard. Le 30 juin, lors de la célébration du 27e anniversaire du parti, la secrétaire générale du PT a salué le nouveau discours et les engagements formels du Premier ministre concernant la loi sur la levée du gel sur l’emploi, le non-recours à l’endettement extérieur, la liberté de la presse et la gestion rationnelle des finances publiques. Par ailleurs, si la question de la participation à l’offre de dialogue ne pose pas problème, la décision du gouvernement de toucher aux acquis sociaux risque de mettre le feu aux poudres. «Il n’est pas question de toucher aux acquis sociaux, affirme M. Meriane du Snapest. L’embellie financière qu’a connue le pays n’a pas profité aux couches les plus vulnérables. Et maintenant que la situation financière se dégrade, on ne va pas leur demander à eux de se serrer encore plus la ceinture. Il faut d’abord s’attaquer aux gros salaires.» Une position que partage le RCD «Nous ne sommes pas favorables à ce qu’on touche aux acquis sociaux, insiste M Aïssiouane. Nous pensons qu’il est urgent de revoir un certain nombre de choses qui peuvent améliorer la situation financière du pays», sans pour autant détailler les mesures à prendre. Le Parti des travailleurs est resté pour une fois très silencieux sur le sujet. Le parti de Louisa Hanoune qui monte au front dès qu’il s’agit de toucher aux acquis sociaux, a préféré adopter une autre démarche. Le PT a décidé de ménager le Premier ministre pour mieux peser sur les prochaines décisions gouvernementales. Le parti de Louisa Hanoune mise sur un travail en coulisses pour amener M Tebboune à revoir certaines dispositions contenues dans la prochaine loi des finances 2018. «On attend la confection de la loi de finances 2018 qui, au préalable, devra lever les lourdes contraintes liées à la politique de l’austérité dictées par la loi de finances 2015 et confirmées par celle de 2016», a déclaré la leader du PT lors de l’anniversaire du parti.

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