jeudi 24 août 2017

Le cri de détresse du maire de Toudja

Commune de Toudja, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Béjaïa. Une superficie de 167 km² peuplée par plus de 9500 habitants. Avec 17 kilomètres de littoral, ses hôtels et ses plages féeriques, à savoir Oued Dass, Tighremt, Tardemt, Timerjin et Tighzart, Toudja est très prisée par les estivants. Mais cette activité estivale engendre son lot d’effets indésirables sur l’environnement et le moral des vacanciers, soit des dizaines de tonnes d’ordures ménagères qui finissent sur les accotements de la RN24 reliant Béjaïa à Tizi Ouzou. Cette route est très fréquentée par les touristes qui viennent de l’ouest du pays, notamment d’Alger, de Tizi Ouzou et de Boumerdès, depuis l’ouverture du tronçon Dellys (Boumerdès)-Tigzirt (Tizi Ouzou), fermé pendant des années pour des raisons sécuritaires. Les visiteurs sont accueillis alors par un décor désolant fait d’amas de déchets jonchant le sol, et  par un air irrespirable chargé d’odeurs nauséabondes et de fumée émanant des ordures en flamme. Chaque année, le problème du ramassage des ordures sur cette côte se pose avec acuité, et ce n’est pas faute de manque de volonté des responsables de la commune de Toudja, à sa tête le président de l’APC, Meddour Mohand Ameziane. Contacté par nos soins, le maire a lancé un appel de détresse aux pouvoirs publics sollicitant une aide logistique conséquente afin de faire face à cette situation épisodique qui s’invite chaque été dans sa région. Une situation que des ministres de la République ont eu à constater de leurs yeux. Pour cette année seulement, deux ministres ont fait le déplacement à Toudja. Il s’agit de l’ex-ministre des Ressources en eau et de l’Environnement, Abdelkader Ouali, qui s’est rendu dans la région en mai 2017 et le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El Hadi, qui a eu également à observer, en compagnie du nouveau wali, l’ampleur du désastre qui porte atteinte à l’environnement et à la réputation touristique de la région, avant-hier. D’ailleurs, lors de la visite de Ould Ali qui l’a conduit à Iksilen, le wali qui n’ignorait pas le problème a fait semblant de piquer une colère hystérique en interpellant, devant son hôte, les élus locaux. En effet, selon le président de l’APC, Meddour Mohand Ameziane, «la collectivité n’a pas les moyens pour ramasser autant d’ordures générées chaque jour par cette activité saisonnière». La voirie communale, disposant d’un seul camion aménagé, arrive à peine à débarrasser le chef-lieu communal des rejets de la population locale. Pourtant, avant le lancement de la présente saison estivale et celle de 2016, où différents services de la wilaya et autres organismes de l’Etat se sont regroupés dans le cadre d’une commission pour débattre des préparatifs, l’administration a été interpellée. «J’ai soulevé à maintes reprises, lors de ces réunions, le problème que vit Toudja, surtout en été, mais nous n’avons constaté aucune suite», affirme le président de l’APC qui a indiqué, en outre, que le budget de sa commune arrive à peine à couvrir trois mois de salaire pour les employés. Toudja est une commune qui fonctionne essentiellement avec les subventions de l’Etat où même les activités hôtelières, la restauration et les parkings qui se greffent à la saison d’été ne profitent en aucun cas à la caisse de la mairie. Et ce sont ceux-là qui génèrent autant d’ordures, atteste le maire. A ce propos, il profite encore pour solliciter «la wilaya afin d’équiper les services de la voirie communale en camions à benne tasseuse et, dans l’immédiat, à faire appel aux moyens de la direction des travaux publics (DTP) pour l’enlèvement des ordures». Au passage, l’édile communal a rappelé son amère expérience qu’il a vécue avec l’ancien wali, Ould Salah Zitouni, qui lui a demandé d’enlever les déchets en prévision d’une visite ministérielle. Sachant que l’APC de Toudja ne dispose pas de moyens adéquats, l’ex-wali a ordonné au maire d’engager une entreprise privée tout en promettant à ce dernier le payement de la facture des travaux de ramassage sur les fonds propres de la wilaya. «Quand je suis allé au service de la wilaya pour déposer la facture, celle-ci a été rejetée», regrette notre interlocuteur. M. Zitouni, d’après le maire, n’a pas tenu son engagement, «léguant» à l’APC de Toudja une dette qui est restée impayée à ce jour. 

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