Après douze années d’âpres négociations, le dossier du nucléaire iranien a débouché, en 2015, sur un accord historique marquant un dénouement d’une crise qui a opposé les puissances occidentales à l’Iran. Rarement dans les annales de la diplomatie une négociation aura été aussi longue et compliquée. Au terme de plusieurs prolongations et d’une ultime journée de tractations fiévreuses, l’Iran et les pays du «P 5+1» (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) sont en effet parvenus, le 14 juillet 2015, à Vienne à un compromis. L’arrangement fait près d’une centaine de pages. Il est composé d’un texte principal et de cinq annexes. L’objectif principal est de mettre en place de sévères restrictions pour garantir que le break-out, le temps nécessaire pour produire assez d’uranium enrichi permettant de fabriquer une arme atomique, soit d’au moins un an pendant une durée de dix ans. L’accord de Vienne stipule que le réacteur de la centrale à eau lourde d’Arak sera modifié pour ne pas pouvoir produire du plutonium à vocation militaire. Il est question également d’un renforcement des inspections. C’était l’un des points les plus délicats de la négociation. Un régime renforcé d’inspections sera appliqué pendant toute la durée de l’accord et même au-delà pour certaines activités. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pourra ainsi vérifier vingt ans le parc de centrifugeuses et pendant vingt-cinq ans la production de concentré d’uranium (yellow cake). L’Iran s’est engagé à mettre en œuvre, puis à ratifier, le protocole additionnel de l’AIEA, qui permet des inspections intrusives. A travers ces négociations, l’objectif majeur des Iraniens était d’obtenir la levée des multiples sanctions (de l’ONU, des Etats-Unis et de l’Europe) qui freinent le développement du pays. Les sanctions adoptées par l’UE et les Etats-Unis visant les secteurs de la finance, de l’énergie et du transport iraniens seront levées dès la mise en œuvre par l’Iran de ses engagements, attestée par un rapport de l’AIEA. Cela devrait intervenir début 2016. La même procédure sera suivie pour lever les six résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l’Iran depuis 2006. En revanche, ce texte ne prône pas le démantèlement du programme iranien, comme initialement envisagé lors des premières négociations conduites par les Européens entre 2003 et 2005. Il encadre, bride et surveille de plus près les infrastructures iraniennes dans le but d’empêcher Téhéran de se lancer dans une course clandestine à la bombe atomique. Les protagonistes font le pari qu’il sera plus avantageux pour Téhéran de respecter, dans la durée, les clauses de cet accord qui s’accompagnera de retombées économiques substantielles avec la levée graduelle des sanctions et le déblocage, à terme, de près de 150 milliards de dollars (135 milliards d’euros) d’avoirs gelés à l’étranger. Selon la communauté internationale, l’accord historique ouvre de nouvelles perspectives dans les relations internationales. Il s’agit d’une «importante victoire de la diplomatie et du dialogue», étaient unanimes à dire les observateurs du dossier du nucléaire iranien. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, la chancelière allemande, les chefs d’Etat français et russe ont tous exprimé leur satisfaction, contrairement à Israël qui a rechigné.
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