Comme en pareille période, les agences de voyages et de tourisme soignent leurs devantures. A l’intérieur, sourire commercial et décor de carte postale. La raison est simple : en plus des trois mois de l’été, c’est l’occasion pour de nombreux professionnels de faire l’essentiel de leur chiffre d’affaires de l’année. Mais cette fois-ci, crise oblige, les Algériens rognent sur leur budget vacances. Les Algériens sont à la recherche d’opportunités et de destinations abordables. Et comme chaque année, ce sont pratiquement les mêmes destinations qui sont en haut de l’affiche : la traditionnelle Tunisie, l’éternelle Turquie et, à moindre mesure, le Maroc et l’Espagne. Il y a aussi l’émergence du Grand-Sud algérien qui jouit d’une réputation exceptionnelle en matière d’authenticité et de soleil. Sofiane Benali Abdellah, de l’agence S to S Travel, nous a confié : «Si on compare cette année aux saisons précédentes, le constat est clair par rapport aux voyages à l’étranger : la baisse de la demande est considérable et dépasse les 40%. Ceci est dû au cours de l’euro qui a atteint les 185 DA, ce qui fait de l’agence de voyages un vendeur de produits touristiques pour les riches. Ce qui n’est pas normal !» Et d’ajouter : «Contrairement à l’étranger, nous avons constaté une progression sur la destination Sud, surtout la Saoura et la région du Gourara, mais le manque d’infrastructures et d’aménagement nous oblige à limiter le nombre de personnes et de départs.» Après ces observations, Sofiane Benali Abdellah dresse un constat amer sur le secteur du tourisme en général : «Pour résumer, nous sommes toujours au point zéro et à ce rythme, nous n’avancerons jamais.» La plupart des observateurs et des experts affirment que le tourisme domestique doit avoir une politique plus claire, avec des objectifs quantifiables et vérifiables, loin des discours et des slogans. Sans indicateur de suivi et d’évaluation, on ne pourra pas mesurer l’impact des mesures prises. C’est l’avis de Hadj Nacer, manager de l’agence Zyriab Voyages : «Cette année, les Algériens ont peu voyagé, j’en veux pour preuve la disponibilité des places d’avion : certaines agences qui ont opté pour les blocs-sièges sont en train de les brader pour minimiser leurs pertes. Il est clair que durant l’hiver, le Sud algérien demeure la destination principale des Algériens à la recherche de soleil et de dépaysement, mais la cherté de ce produit, le manque de qualité des prestations, le manque de professionnalisme des opérateurs du tourisme, la multiplication des intervenants n’ayant aucun lien avec le tourisme, les agences de communication, les bureaux d’affaires qui opèrent en toute impunité sans aucun scrupule ont quelque part travesti certains produits, tels que Taghit et Timimoun.» «Le désert perd ainsi tout son charme à partir du moment où la dune de Taghit se retrouve noire de monde avec tamtam, derbouka», ajoute-t-il. Pour cet opérateur, la Tunisie, le Maroc, la Turquie ainsi que Dubaï sont les produits qui emboîtent le pas au Sud algérien. «Mais cette année, nous n’enregistrons pas de rush pour plusieurs raisons : la flambée de l’euro et la rareté du dinar. Beaucoup de familles, engagées dans des programmes de logement, investissent leurs économies pour l’acquisition et l’équipement de leur maison», tente-t-il d’expliquer. D’autres préfèrent utiliser leurs économies pour des vacances de longue durée en été. Il faut ajouter que certaines familles ont acquis des biens à l’étranger, notamment en Espagne, ce qui leur permet ainsi de passer des vacances à moindre coût. Les actes terroristes récurrents en Tunisie, en Turquie et en Egypte ont suscité chez certains la peur et, par précaution, ils préfèrent rester chez eux cette année. Cependant, la Tunisie connaîtra certainement un petit rush à l’approche des fêtes, notamment des gens de l’Est qui s’y rendront en voiture pour une ou deux nuitées vu la proximité.
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