Un matin glacial, mais une chaleur se dégageait de la présence de ces dizaines de personnes qui ont voulu manifester leur respect au valeureux fils de l’Algérie. Chacune des étapes des funérailles populaires du monument Hocine Aït Ahmed a été une leçon d’histoire, mais aussi une manifestation d’amour. L’amour d’un leader pour sa terre et son peuple, et l’amour d’un peuple pour un homme qui a sacrifié sa vie pour son pays. 6h, une quarantaine de bus sont stationnés à proximité du siège du Front des forces socialistes (FFS). A l’intérieur, le chant des «khwan» continue d’accompagner les derniers instants avant la séparation physique du défunt avec le siège de son parti. Des poèmes sont aussi spontanément déclamés par un vieil homme à son hommage dans la langue amazighe et en arabe et dont les maîtres-mots sont pluralité, union et tolérance. En parfaite adéquation avec le combat d’une vie menée par Hocine Aït Ahmed. La famille entoure le cercueil du défunt, ainsi que de nombreux citoyens venus faire le voyage en sa compagnie jusqu’à son village. L’hymne national est entonné pour annoncer le moment de la levée du corps. Des sanglots, des youyous et des «Allah Akbar» accompagnent le mouvement des agents de la Protection civile s’affairant à soulever la dépouille du grand homme. Le ton était à l’émotion dans la dignité. Aït Ahmed quitte le siège suivi de sa famille, des membres de la direction du FFS et de nombreux citoyens passent sous un immense emblème national planté à même l’entrée du siège. Tout un symbole, le grand moudjahid et père de la Révolution est en tête d’une longue file de véhicules et de bus prenant avec lui le voyage. Une escorte de rang présidentiel accompagne le cortège. Il est 7h40, un matin glacial d’un vendredi 1er janvier, les premières lueurs du soleil font timidement leur apparition. Le convoi prend la direction de Belouizdad. Surprise générale, des citoyens attendaient tout au long du boulevard le passage du cortège funèbre. Un matin glacial mais une chaleur se dégageait de la présence de ces dizaines de personnes qui ont voulu manifester leur respect au valeureux fils de l’Algérie. Tout le long du boulevard jusqu’à Ruisseau, les Algérois se lèvent au passage du leader. «Qom tara», disait-il dans un de ses slogans, voilà que les Algériens se sont levés pour le voir et lui rendre hommage. Les mêmes scènes d’au revoir ont été rééditées à chacun des passages du cortège en partance d’Alger direction Ath Ahmed. A Rouiba un enfant d’une dizaine d’années agitait au passage du cortège un immense drapeau. Aït Ahmed aurait, dit-on, été sûrement saisi par cette image dégageant sérénité et foi en l’avenir. 8h53, la commune des Issers était au rendez-vous avec ce moment historique que tous semblaient vouloir immortaliser en utilisant leurs smartphones. La création du FFS reprend toute sa symbolique dans ce passage. Applaudissements, youyous et slogans fusaient de toutes parts. «D’argaz… c’était un homme», lançaient les citoyens aux membres de la délégation. Ces derniers agréablement surpris par cette présence réconfortante répondaient en saluant la foule. Naciria n’était pas en reste. Cette matinée de vendredi aura eu pour nom «Assa azeka Si L’Hocine yella yella». Tadmaït à 9h25, puis Draâ Ben Khedda à 9h37 ont réservé elles aussi un accueil des grands jours à Aït Ahmed. Tous debout, personne n’est indifférent, tous là pour dire aussi bienvenue à Si L’Hocine comme on l’appelle affectueusement. 9h50 Tizi Ouzou se lève comme un seul homme pour ce géant, son fils, sa fierté. Une foule immense recevait à gorges déployées le passage du grand homme. Devant l’APC de la ville des Gênets, le cortège avance au rythme que lui impose un tel moment fort en émotion. «Allah, Allah», «Si L’Hocine mazalna mou3aridine», que de slogans pour célébrer et pleurer l’homme et le symbole. Des applaudissements nourris sonnent comme la reconnaissance et un remerciement au sacrifice de Dda L’Hocine. La volonté de garder le cortège le plus longtemps se dégageait de la ferveur de l’accueil, mais Ath Ahmed attendait son fils. Le parcours est riche en témoignages de respect envers le grand démocrate. Il voulait des funérailles populaires, elles l’ont été. De Chaiev à Ath Khelili, en passant par Mekla et Djemaa Nsahridj, avant d’arriver à Ath Ahmed, les citoyens saluaient le passage du cortège, des youyous fusaient des balcons, tous les commerces étaient fermés, des applaudissements accompagnaient les pas sereins du cortège funèbre. Ath Ahmed ouvre ses bras à son fils après une très longue attente. Les hommes qui reçoivent une telle marque spontanée de respect et d’affection d’un nombre incalculables de personnes à leur enterrement se comptent dans le monde sur les doigts de la main. Il a vécu en historique, il a eu des funérailles historiques dans leur simplicité et surtout leur caractère populaire. Les Algériens ont bien compris le message de Hocine Aït Ahmed et sont venus en masse prendre possession de celui qui leur demanda de l’enterrer. Qui pourrait en vouloir à la foule, sa frénésie ou l’agitation de manifester sa volonté de se réapproprier son géant ?
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