«Assa azeka Si L’Hocine yella yella… Aujourd’hui et demain Si L’Hocine sera toujours là», scandent des milliers d’Algériens affluant au siège pour saluer et rendre hommage au leader charismatique. Je suis heureux de retrouver mon pays, mais le déchirement est plus grand à mon retour car je ne sais pas quel pays je vais trouver.» Des propos prononcés par Hocine Aït Ahmed à sa descente d’avion en décembre 1989 après 23 ans d’exil. Décembre 2015, Hocine Aït Ahmed est de retour chez lui, le déchirement est aussi du rendez-vous mais ressenti, cette fois, par tout un peuple qui pleure de le voir retrouver le sol de l’Algérie dans un cercueil. Tout comme en 1989, le grand leader retrouve sa patrie si chère à son cœur. Il habitait loin d’elle, mais elle l’habitait. Il est revenu pour y être enterré, pour se reposer en son sein et sous son soleil. Après la solennité du moment de passage par l’aéroport, Aït Ahmed renoue avec l’accueil des grands jours que lui réservent à chaque fois les Algériens. «Assa azeka Si L’Hocine yella yella… Aujourd’hui et demain Si L’Hocine sera toujours là», scandent des milliers d’Algériens affluant au siège pour saluer et rendre hommage au leader charismatique. Comme il le souhaitait, le peuple était là pour faire de son retour un rendez-vous populaire et national. L’avenue Souidani Boudjemaa, fermée à la circulation, était bondée de monde ce jeudi 31 décembre. Passant plusieurs heures à attendre l’arrivée de la dépouille de Si L’Hocine, les centaines, voire les milliers de personnes, jeunes, vieux, hommes, femmes et enfants, guettaient le moindre mouvement ou annonce. A 17h, une sirène retentit du côté de la Colonne Voirol, le cortège funèbre est arrivé. A l’intérieur du siège, tous les regards se portent sur l’entrée : Aït Ahmed est là ! Est-il réellement mort ? Cette semaine de deuil n’était-elle pas un cauchemar dont l’apparition du leader charismatique en serait le réveil ? Un cercueil drapé de l’emblème national apparaît. Le miracle n’a pas lieu, mais l’aura du grand homme est bien là. Des youyous fusent, des applaudissements et des slogans chers au FFS sont au rendez-vous. «Si L’Hocine mazalna mouaridine, Si L’Hocine mazalna wataniyine», «Si L’Hocine nous sommes toujours des opposants et des nationalistes», s’échappent presque instinctivement et à l’unisson de la foule. Les pleurs accompagnent les retrouvailles de l’homme avec son peuple. L’émotion est à son comble. La petite famille du défunt, dans un geste hautement symbolique et de dignité, se retire pour laisser la grande famille algérienne rendre hommage à son valeureux fils. Comme une amana, Aït Ahmed a retrouvé les bras de son peuple avant de retrouver le lit de sa terre natale. La Fatiha est récitée par tous les présents. Saïd Chibane, ancien ministre sous le gouvernement Hamrouche, appelle les présents à prier pour le défunt et que la baraka accompagne les siens. Exposé dans la cour du siège du parti, le cercueil est disposé de telle sorte à permettre à tous les citoyens de se recueillir et lui rendre hommage. Les anciens maquisards de 1963 sont les premiers à passer devant la dépouille de leur chef fondateur du FFS. Suit une longue file de personnes, connues et anonymes, qui saluent une dernière fois le leader. Difficile d’avoir une idée précise sur le nombre de citoyens venus se recueillir sur la dépouille du père de la Révolution et de la démocratie. Jusque tard dans la soirée, des gens venaient encore au siège, de longues files attendaient pour rendre hommage à ce monument de l’histoire de l’Algérie. A l’image du défunt, cette cérémonie était faite de grandeur et de simplicité à la fois. Grandeur par l’immensité de l’homme et de la foule venue de partout l’accueillir et le pleurer au siège du parti ; simplicité par l’accessibilité de la cérémonie à tous les citoyens et par le rituel adopté. Venu par un vol régulier d’Air Algérie, transporté dans une ambulance jusqu’au siège du parti où il a été accueilli par la population, exposé dans la cour de ce même édifice, tout était simple mais tellement chargé de symboles. Constance et conviction accompagnent Aït Ahmed de son vivant et même vers sa dernière demeure. Il semble livrer le même message que celui de son premier retour en décembre 1989 : «L’Algérie doit retrouver sa densité, son unité, faite de diversité, de la participation de tous les citoyens et citoyennes.» Ce fut le cas pour la cérémonie de recueillement sur sa dépouille. Le sacrifice de toute une vie n’a pas été vain et son rêve d’une Algérie libre et plurielle est possible.
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