mercredi 20 janvier 2016

Les habitants de Oued El Ma ne décolèrent pas

Les citoyens étaient unanimes :  il s’agit d’exactions très graves de la part  des éléments de la gendarmerie. Les portes d’entrée défoncées, des armoires à l’intérieur des chambres éventrées, le matériel de cuisine saccagé et les vitres brisées. Les femmes nous ont reçus pour nous raconter ce qu’elles ont vécu ;elles ont été bousculées et maltraitées. La ville de Oued El Ma, pourtant si calme d’habitude, a été transformée, depuis lundi, en un champ de batailles. Pas une seule de ses ruelles noircies de suie n’a été épargnée. Toutes les artères portaient des stigmates des affrontements de la veille : des blocs de pierres, des ronces, des troncs d’arbres, du grillage servant de barricades étaient alignés à intervalle de 10 mètres pour empêcher les véhicules des forces de l’ordre d’avancer. Tôt dans la martinée d’hier, tandis qu’une délégation se dirigeait vers la wilaya pour dialoguer avec le wali, une foule compacte encerclait la prison dont le portail avait été incendié la veille, et attendait que les détenus soient libérés. Sentant la présence de journalistes sur les lieux, les citoyens se sont rués sur eux et chacun d’eux voulait   montrer les dégâts causés par les éléments de la gendarmerie à l’intérieur des maisons. En effet, les citoyens étaient unanimes, selon leurs témoignages, il s’agit d’exactions très graves de la part des éléments de la gendarmerie. Les portes d’entrée défoncées, des armoires à l’intérieur des chambres éventrées, le matériel de cuisine saccagé et les vitres brisées. Les femmes à l’intérieur nous recevaient pour nous raconter ce qu’elles ont vécu, elles ont même été bousculées et maltraitées. L’une d’elles, dont le père était détenu, nous jurait par tous les dieux que les gendarmes lui ont pris ses bijoux et une somme d’argent provenant d’un crédit. Le chef de groupement contacté par téléphone a affirmé que ses éléments ont agi dans le cadre de la loi. «Nous avons procédé à des perquisitions avec des mandats dûment signés par le procureur de la République.» Pour rappel, lundi, les habitants ont pris d’assaut la prison et mis le feu au portail, seule alternative pour les protestataires afin d’attirer l’attention des hautes autorités sur leur problème. Deux revendications à l’origine de la protestation : garder le projet de réalisation d’une fabrique de panneaux photovoltaïques et la réalisation de la route pour diminuer de moitié la distance qui les sépare du chef-lieu de wilaya. L’histoire des panneaux photovoltaïques remonte à deux ans. «L’aval pour l’implantation de l’usine a été signé par 36 commissions», nous dit une source proche du dossier, ajoutant : «Aujourd’hui, on nous raconte que le terrain est situé sur un domaine agricole !» Une virée sur le lieu destiné à l’implantation de l’usine nous a révélé qu’effectivement le terrain rocailleux est loin d’être une terre arable. Deux grandes tentes, une lignée de conteneurs renfermant du matériel et un gardien ; le tout entouré d’une clôture surmontée de barbelé. Des véhicules de passage s’arrêtaient et les passagers nous interpellaient pour apporter leur témoignage : «Des semi-remorques immatriculés à M’sila sont venus à 4, ont chargé le matériel et sont repartis.» Toutes les personnes que nous avons rencontrées s’interrogeaient sur les raisons qui ont empêché les autorités de ne se rendre compte que deux ans plus tard que le terrain était une terre agricole. En effet, une étude préalable a été faite, le projet a été inscrit, la réalisation a été octroyée aux Chinois qui ont même installé leur base de vie ! Que s’est-il passé depuis pour que les autorités changent d’avis et décident de transférer le projet vers la wilaya de Djelfa ? Certains ont tout mis sur le dos du wali qui aurait pris cette décision. Pour sa part, le wali a reçu la délégation venue le voir et a rassuré tout le monde : le projet en question ne bougera pas de Oued El Ma, les travaux de la route tant espérée depuis longtemps seront bientôt lancés et les détenus (une cinquantaine) seront libérés. Quant aux exactions rapportées par les témoignages, une commission d’enquête sera dépêchée sur les lieux, nous a rapporté l’un de ceux ayant fait partie de la délégation. La foule attendant des nouvelles depuis les premières heures de la matinée d’hier, après avoir entendu le compte rendu de la délégation, a exprimé sa satisfaction et s’est dispersée dans le calme.  

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