Au moment où le pouvoir déroule sa feuille de route qui se résume notamment à la présentation d’une copie non consensuelle de la révision de la Constitution, l’opposition et la «société civile» réfléchissent à d’autres alternatives. Dans un ouvrage collectif, coordonné et édité par le journaliste Amar Ingrachen qui gère les Editions Frantz-Fanon, 14 personnalités du monde politique et des universitaires ont dressé l’état des lieux de la situation du pays et préconisent des solutions de sortie de crise ou plutôt le meilleur chemin qui peut mener notre pays à une transition plus au moins aboutie. Pour le journaliste, «lancer un débat sérieux et responsable sur la problématique de la transition démocratique, en cerner les contours théorique et pratique, en appréhender les enjeux et dessiner les perspectives sont plus que nécessaires». Lancer ce débat «à travers un ouvrage collectif où les points de vue les plus divergents s’affrontent en mettant en avant la seule légitimité de l’argument scientifique et de la vision pragmatique l’est davantage, car devant la prolifération des initiatives et des points de vue, l’utile est désormais de dégager des pistes consensuelles et non plus de nourrir les divergences et de consolider celles qui prévalent déjà sur la scène politique nationale», ajoute-t-il dans la présentation de l’ouvrage qui porte l’intitulé de Quelle transition démocratique pour quelle Algérie ? Constats, enjeux et perspectives. Parmi les personnalités qui ont écrit dans l’ouvrage, le sociologue Lahouari Addi, qui fait souvent des sorties controversées sur la situation politique du pays. Il a indiqué que, par la force de l’histoire, «l’échec du populisme ouvre objectivement la voie à la démocratie moderne qui repose sur l’alternance électorale, les libertés individuelles et collectives et le respect des droits de l’homme». L’universitaire Ahmed Rouadjia évoque «le principal obstacle à la transition démocratique en Algérie : la culture politique des dirigeants du pays, notamment les militaires». Pour Abdeslam Ali-Rachedi, «le semblant de transition démocratique entamé avec l’installation du gouvernement Hamrouche en 1988 s’est vite mué en normalisation autoritaire qui s’est prolongée dans le temps, jusqu’à nos jours, en se renforçant davantage grâce à la prégnance du discours populiste». «Les divergences entre acteurs et partis politiques de l’opposition érigées en affrontements qui interdisent la discussion pour l’action collective dans le sens de la construction démocratique ont toujours profité, par le passé, au maintien du système en place. Or, aujourd’hui même, si l’équation diabolique qui veut prendre le pays en otage entre la peste du système ou le choléra du chaos pèse toujours dans la scène médiatique, le pays profond est de plus en plus réfractaire aux propagandes», écrit, de son côté, le président du RCD, Mohcine Belabbas. Tandis que Soufiane Djilali estime que «l’Algérie est face à un immense défi : reconstruire, sur des bases rationnelles, une société aujourd’hui totalement désarticulée et délabrée. Il faut rétablir une échelle de valeurs conforme aux exigences du monde moderne». Des universitaires, à l’image de Fatiha Benabbou ou encore Mohamed-Lakhdar Maougal, décryptent la situation actuelle du pays à travers son arsenal législatif et institutionnel. De son côté, l’économiste Mourad Ouchichi met en avant la corrélation qui existe entre la transition politique et les changements opérés dans la doctrine économique du pays. «Cet ouvrage se veut une contribution au débat sur la question de la transition démocratique en cours dans le pays, lequel débat est et restera un sujet absolument inépuisable puisque, même dans les pays où elle constitue une donne politique incontournable, la démocratie demeure un processus indéfiniment perfectible tant, il est vrai, elle subit des flux et reflux récurrents», précise Amar Ingrachen pour résumer un livre qui compte plus de 350 pages et sortira dans les librairies le 5 février prochain.
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