samedi 26 mars 2016

Etudiants algériens en France : Quand la précarité mène au suicide

Le nombre d’étudiants algériens en France ne cesse d’augmenter. Ils sont actuellement plus de 26 000 à poursuivre leurs études dans les différentes universités françaises. Mais qu’en est-il réellement du quotidien de ces jeunes diplômés, partis à la recherche du savoir, ou d’une vie meilleure ?  L’Association des Algériens des deux rives et leurs amis (Addra) s’est penchée sur la question en menant une enquête qui a couvert un échantillon de 320 étudiants. L’enquête révèle une réalité amère. « Des centaines étudiants n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins alimentaires alors que d’autres se trouvent contraints à vivre dans la rue », résume Yougourthen Ayad, président de l’association Addra, lors d’une conférence de presse organisée, aujourd’hui samedi, au siège de Laddh à Alger.    L’Association, dit-il, a recensé une dizaine de cas de suicide parmi la communauté estudiantine algérienne en France, durant l’année 2015. Le suicide est le résultat final de la précarité que vivent certains de ces étudiants confrontés à des obstacles administratifs.  Les accords conclus entre les Etats français et Algériens font que les étudiants algériens ont besoin d’une autorisation de travail contrairement aux étudiants issus d’autres pays qui trouvent plus de facilités à accéder aux marchés de travail.   Il est expliqué, dans le rapport, que la législation française sur le travail autorise les étudiants, étrangers à exercer une activité rémunérée de 964 heures. L’étudiant Algérien, quant à lui, a droit seulement à 822 heures. Et en plus, il doit obtenir une autorisation auprès de la direction départementale du travail.    Le rapport souligne que l’hébergement reste l’un des « soucis majeurs » des étudiants algériens qui « doivent faire preuve d’un sens accru de la débrouillardise pour s’en sortir !  Certains en viennent même à dormir dans les transports publics, dans des centres d’hébergement d’urgence et parfois dehors ! ».    Campus France au banc des accusés   Les étudiants algériens se trouvent « perdus » dans les rouages des administrations françaises, à chaque fois qu’ils ont besoin de renouveler leurs titres de séjour. Selon l’enquête, Campus France, structure chargée de sélectionner les étudiants éligibles à un visa d’études en France, est aussi responsable de cette situation : « l’une des missions qui incombe à cet organisme est de « fournir les informations nécessaires pour les différentes démarches à entreprendre auprès de différentes institutions en France (couverture médicale, démarche auprès de la préfecture, logement…), or, dans les faits, les étudiants ne sont informés de ces procédures qu’une fois arrivés en France et à travers des circuits d’information non officiels ».    Les rédacteurs du rapport estiment que « Campus France n’encadre pas suffisamment les étudiants (…) et se contente de jouer le rôle d’une passerelle avec les universités, ce qui ne justifie nullement les tarifs appliqués (8000 DA ndlr) ».   L'Association Addra a appelé les pouvoirs publics algériens à mettre en place une structure d’accueil des étudiants et à « renforcer les accords de coopération avec la France », pour mettre fin à cette « situation alarmante ». 

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