mardi 24 mai 2016

Cap sur les produits à base de graisse non hydrogénée

Comme chaque année, à l’approche du Ramadhan, les consommateurs algériens se ruent sur les supérettes pour s’approvisionner en denrées alimentaires en tous genres. S’il est une période de l’année où l’Algérien connaît un déséquilibre alimentaire tant il «s’empiffre» plus que de raison sans être très regardant sur les produits qu’il achète, c’est bien le mois sacré. L’occasion donc pour Sid Ahmed Tegguer, directeur de la Sarl Mateg basée à Oran, spécialisée dans la production d’une grande marque de margarine, de faire le point et d’appeler les Algériens à «consommer citoyen». Cela fait un mois que la Sarl Mateg s’est lancée dans la production de margarine à base de graisse non hydrogénée, alors que jusqu’à ce jour, tous les fabricants de margarine n’utilisent exclusivement que de la graisse hydrogénée. Pour mieux fait comprendre cette nuance, une parenthèse mérite d’être ouverte : il existe deux types de graisses pour faire de la margarine, et partant, pour confectionner également d’autres aliments comme les biscuits, galettes et autres dérivés. Il y a la graisse hydrogénée et la graisse non hydrogénée. La graisse hydrogénée, utilisée jusqu’à ce jour partout en Algérie, est de la «mauvaise graisse» qui fait augmenter le mauvais cholestérol et diminuer le bon. Sa consommation en grande quantité cause des problèmes de santé parfois très graves, comme les AVC. La graisse non hydrogénée est celle à laquelle on n’a pas ajouté d’hydrogène ; sa consommation, de facto, est plus saine pour le consommateur. Il y a un an et demi, alors que la Sarl Mateg procédait à une opération d’export vers les Etats-Unis, elle s’est vu refuser l’entrée de son produit sur le sol américain à cause justement de la contenance, dans ledit produit, de graisses hydrogénées. Il faut savoir qu’aux USA, plusieurs Etats ont d’ores et déjà banni cette graisse de leurs aliments et, à l’horizon 2017, il est prévu leur interdiction travers tout le territoire américain. A peu près même son de cloche dans l’Union européenne où les graisses contenant de l’hydrogène sont limitées à seulement 2%. Cela a alors titillé la conscience du fabricant de margarine d’Oran, qui s’est décidé à développer son produit à base de graisse non hydrogénée aussi en Algérie. «Ce sont des graisses qui coûtent beaucoup plus cher que les graisses normales. En outre, leur utilisation dans le process de fabrication est très éprouvant», nous explique Sid Ahmed Tegguer. En effet, dit-il encore, «les graisses qu’on avait coutume d’utiliser jusqu’alors étaient stables, tandis que les graisses non hydrogénées sont instables. Il faut beaucoup de temps pour les travailler. Ceci dit, leur impact sur la santé est tout autre». Une question qui vient alors à l’esprit : du fait que le traitement de ces graisses non hydrogénées est plus éprouvant et plus complexe, cela va-t-il impacter les coûts pour le consommateur ? La réponse de Sid Ahmed Tegguer est sans équivoque : «Pour l’instant, non !» Et de renchérir : «Cela nous revient plus cher de produire ce produit, mais on n’a pas touché au prix de vente. Pour l’instant, on arrive à s’en sortir.» Jusqu’à ce jour, explique-t-il, la «concurrence» utilise encore les autres graisses et le consommateur ne fait pas la différence. Toutefois, au niveau de l’étiquetage, la Sarl Mateg a pris soin de préciser que son produit contient 0% de graisse hydrogénée. «Il nous a fallu un an et demi pour développer ce nouveau produit ; il est impossible de le faire du jour au lendemain car il y a des investissements à faire, des équipements à ramener et, surtout, il faut maîtriser cette nouvelle technologie.» Cependant, précise M. Teggkuer, le consommateur doit savoir que le produit ne change pas, il s’agit absolument du même goût, de la même couleur, seul le procédé de fabrication change. «On a travaillé en partenariat avec des fabricants belges de margarine qui nous fournissent la matière grasse non hydrogénée. Leur bureau d’études assure des formations.» Sid Ahmed Tegguer interpelle les consommateurs, leur demandant de lire au préalable les ingrédients avant d’acheter le produit. «Il est nécessaire de savoir ce qu’on mange. Des importateurs ou des industriels proposent des produits à bas coûts au détriment de la santé du consommateur. Qu’ils fassent du profit, c’est tout à fait normal, mais parfois, les gens n’ont pas de conscience. On mange n’importe quoi depuis des années, il est temps que cela change. On a fait une étude dernièrement pour savoir ce qui pousse la ménagère à opter pour tel produit plutôt que tel autre. On s’est rendu compte que ce qui détermine la décision, c’est le prix ! A 2 DA près, elle opte pour le moins cher. Mais il n’y pas que le prix. Les industriels ont certes un rôle à jouer, mais il en est de même pour les consommateurs. Je ne suis pas en train de dire que ce que nous proposons est plus cher que ce que propose la concurrence, nous sommes au même prix. Simplement, il faut consommer citoyen.»         

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