Forgée dans les durs moments de la barbarie et de l’autoritarisme, la presse algérienne a payé le prix fort pour défendre la liberté d’expression. Aujourd’hui, elle fait face à une autre épreuve de force engagée par le pouvoir en place. Le journal El Khabar – une des citadelles de la liberté d’expression – fait l’objet de harcèlements méthodiques et entêtés. Par des procédés insidieux, les tenants du pouvoir ont poussé le journal à l’asphyxie financière dans le seul but de le soumettre. Mis en difficulté, des propriétaires du titre ont cédé des actions à un groupe industriel pour préserver le journal et l’entreprise qui l’édite. La transaction commerciale, qui ne doit satisfaire qu’aux règles et lois qui régissent ce genre d’opération, est saisie par le pouvoir comme l’occasion à ne pas rater pour achever d’acculer le titre et entraîner sa disparition. Le zèle du ministre de la Communication révèle, à qui en douterait encore, la haine tenace que des cercles du pouvoir continuent à couver contre la presse et trahit le plan mis en branle pour pousser El Khabar dans l’impasse fatale. Nous, signataires de cette déclaration, dénonçons avec fermeté cette énième atteinte à la liberté d’expression et condamnons l’acharnement aveugle du pouvoir à faire tomber un à un les acquis démocratiques arrachés de haute lutte pour servir des desseins politiques dont les ravages ne sont plus à démontrer. Nous appelons à ce que cessent immédiatement ces assauts contre les espaces de liberté et exprimons notre entière solidarité au collectif d’El Khabar qui œuvre chaque jour à maintenir ce quotidien qui porte vaillamment les valeurs de démocratie et de progrès. El Khabar, comme d’autres titres de la presse indépendante, a accompagné les évolutions de la société dans ce qu’elle a vécu d’extrême et de décisif. L’existence d’une presse libre et indépendante est hautement nécessaire, voire une condition sine qua non à la construction de la citoyenneté et de la démocratie. L’attaque qui cible El Khabar est l’occasion de le rappeler haut et fort aux tenants du pouvoir. Alger le 21 mai 2016 Signataires : l Kamel Daoud, écrivain, prix Omar Ourtilane l Aïssa Kadri, professeur émérite des universités l Saïd Khelil, ancien détenu d’Avril 1980 et ex-dirigeant du FFS l Ali Bensaad, chercheur l Mohamed-Lakhdar Maougal, professeur l Mokrane Aït Larbi, avocat et défenseur des droits de l’homme l Noureddine Benisaad, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme l Ahmed Rouadjia, professeur d’université l Mohamed Hennad, politologue l Fatiha Benabbou, professeur de droit l Nacer Djabi, sociologue l Samir Toumi, écrivain l Zoubir Arous, sociologue l Hasni Abidi, universitaire l Malek Bensmaïl, réalisateur l Abdelaziz Rahabi, ancient ambassadeur l Mohamed-Arezki Ferrad, écrivain et ancien parlementaire l Hafid Derradji, journaliste l Saïd Djabelkhir, islamologue l Bachir Derrais, réalisateur.
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