Face à une assistance de 10 000 travailleurs affiliés à l’UGTA, rassemblés au port d’Oran pour célébrer les festivités liées au 1er Mai, Sidi Saïd, secrétaire général de cette centrale syndicale, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer les gouvernements français et marocains. Il faut noter que cette année, l’Algérie a décidé de lier la célébration du 1er Mai dans la wilaya de l’Ouest à une démonstration de solidarité avec le peuple sahraoui. De ce fait, étaient également présents au port d’Oran, comme invités de marque, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, et le secrétaire général de l’Organisation de l’Unité syndicale africaine. Une salle de conférence, sise au port d’Oran, a été baptisée au nom de Mustapha Wouali, le premier Sahraoui mort sous le joug de l’armée coloniale marocaine. Trois ministres algériens, ceux des Affaires africaines, de la Solidarité nationale et des Transports, étaient aussi présents, hier à Oran, mais n’ont, à aucun moment, pris la parole. Plus surprenant, on comptait aussi sur la présence de Ali Haddad, «le patron des patrons algériens», qui a annoncé «n’avoir aucun souci avec l’UGTA, et que tout comme cette centrale syndicale, il cherchait le développement de l’Algérie». En somme, le blabla habituel. Ceci dit, là où ça s’est plus ou moins corsé, c’est lorsque Sidi Saïd a pris la parole. D’entrée de jeu, il avertit l’assistance : «Je suis un syndicaliste et je parle comme un syndicaliste.» Comprendre : «Le langage de la diplomatie, très peu pour moi.» Sans mâcher ses mots, il dira : «Ce que veut le peuple sahraoui est la chute de la colonisation marocaine des territoires occupés. Le peuple sahraoui veut vivre en liberté et jouir de son indépendance. Barakat la colonisation du peuple sahraoui.» Et de lâcher : «Personne ne nous fait peur, ni les voisins directs ni les voisins lointains !» Puis, sans tambour ni trompette, le patron de l’UGTA se lancera dans des diatribes contre la France, toutefois sans la citer nommément. Faisant allusion aux derniers épisodes tragi-comiques des relations algéro-françaises, à la suite d’un tweet de Manuel Valls le montrant aux côtés d’un Bouteflika affaibli, Sidi Saïd lancera à la foule : «La dignité algérienne et les symboles algériens sont intouchables !» Puis, se lâchant pour de bon, il dira : «Ceux qui nous ont attaqué, qu’ils sachent que s’ils touchent à un cheveu du symbole algérien, qui est le président de la République, c’est comme s’ils touchaient à tous les Algériens. Et ceci, nous ne l’accepterons jamais !» Et d’ajouter : «Ceux qui essayent de s’attaquer à la dignité des Algériens, on leur dit : restez tranquille ! Nous n’avons peur de personne, et si on nous y pousse, et que la nécessité se fasse sentir, nous reprendrons les armes !» Parlant dans un arabe «approximatif», il dira, «aux mains étrangères» qui critiquent Bouteflika : «Bouh alikoum !» avant d’ajouter, «que nous importe votre visa !»
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