dimanche 24 juillet 2016

«L’Algérien ne choisit pas une destination mais un prix»

Quelles sont les destinations préférées des Algériens pour cet été 2016 ? Y a-t-il des destinations préférées pour les Algériens ? Je suis tenté de vous dire non, car l’Algérien ne choisit pas une destination, il choisit un prix. Mais au top des destinations, on peut citer l’Algérie, suivie par la Turquie, l’Espagne et on peut ajouter le Maroc et l’Egypte. Les destinations lointaines, telles que la Malaisie et la Thaïlande, ont la cote, mais elles ne drainent pas beaucoup de monde. Les Algériens ont-ils la culture de l’agence de voyages ? Absolument pas. Ils ont l’impression que l’agence de voyages est plus chère. En plus, beaucoup ont des soucis avec elles, notamment celles qui n’assument pas leurs erreurs et qui ont laissé leurs clients en rade. Dieu merci, ce n’est pas la majorité. Donc, les clients pensent qu’ils se font arnaquer, ce qui est totalement faux, d’ailleurs dans beaucoup de cas, nous sommes moins cher que les hôtels qu’ils choisissent et même moins cher que booking.com, le leader mondial de la réservation des hébergements en ligne.   Comment les agences négocient-elles avec les étrangers pour être aussi compétitives ? En réalité, chaque agence a sa politique de négociation, que ce soit avec les partenaires étrangers ou avec les compagnies aériennes,mais deux facteurs sont importants : le volume réalisé et le paiement. A partir du moment que vous respectez les engagements, vous pouvez arracher des avantages supplémentaires, mais malheureusement, le non-professionnalisme et le manque de sérieux de certains nous discréditent souvent auprès des partenaires tunisiens et turcs : certaines agences ont de lourdes ardoises. Plus de 1800 agences sont agréées en Algérie. Est-ce que c’est trop ou pas assez ? Ce chiffre en soi ne veut rien dire. Comparativement à beaucoup de pays et au vu de la population, je dirais que c’est peu. Mais sur les 1800 agences, combien sont-elles professionnelles ? Il est clair que la loi sur les agences doit être complètement revue ; les critères d’accès doivent être revus à la hausse, le critère de la nationalité doit être exigé ainsi qu’un minimum de 3 ans d’exercice pour le directeur technique, y compris pour les diplômés des écoles supérieures qui sont devenus des «loueurs de diplômes». Beaucoup d’agences n’ont pas d’adresse professionnelle et se contentent des adresses communes style Gmail, Hotmail et Yahoo, l’internet est très peu utilisé. Les troubles et l’instabilité de certaines destinations, telles que la Tunisie et la Turquie, ont-ils une réelle influence sur la prise de décision ? Pas trop pour la Tunisie, les Algériens n’hésitent pas pour la Turquie : il y a eu juste un court moment d’hésitation et d’observation. La majorité des clients ont préféré reporter leur voyage au mois d’août. Le tourisme domestique reste à la traîne. Certains analystes disent qu’il constitue une sorte de «roue de secours» pour ceux qui ne peuvent pas aller à l’étranger. Partagez-vous ce point de vue ? Lorsque vous évoquez le tourisme interne, j’ai très mal ! Voilà un secteur que nous n’arrivons pas à maîtriser. Nous avons réussi à faire tout faux et le drame, c’est que nous ne tirons pas les leçons de nos échecs. Je ne sais pas si c’est une roue de secours ou un choix, mais je vous l’accorde, il est à la traîne : la multiplication des infrastructures ne règle pas le problème, car les prix restent très élevés et les services très souvent médiocres. Les agences de voyages trouvent leurs comptes dans l’émission. Est-ce que cette tendance risque d’être inversée un jour ? Au risque de décevoir, je vous répondrai par la négative, car malheureusement là aussi la multiplication des agences de voyages ne veut pas dire multiplication de professionnalisme. Nous assistons actuellement à une mode  d’ouverture d’agences de voyages, très peu sont des professionnels et il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les sites web et vous comprendrez que beaucoup de ces points de vente sont devenus des sous-traitants de partenaires et certains sont des vendeurs de services, uniquement comme le visa. Plusieurs compagnies aériennes ont investi ou renforcé leurs vols (Nouvelair, Air France avec l’escale d’Oran). Est-ce le signe d’une bonne santé du tourisme ou une simple offre commerciale ? Ne nous berçons pas d’illusions. C’est clair que c’est juste une offre commerciale. Ce sont des compagnies qui ont des soucis financiers et l’Algérie est une route très rentable. Permettez-moi de saisir cette occasion pour interpeller les responsables de la Banque centrale pour leur dire qu’il y a moyen de faire de bonnes économies en devises ; il faut juste le vouloir.

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