dimanche 24 juillet 2016

Inquiétante montée de l’islamophobie en France

L’Etat a pris très au sérieux les inscriptions antimusulmanes  sur le mur de la mosquée de Bron (banlieue de lyonnaise) ainsi que les tags découverts dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon et sur certains boulevards. Ainsi, le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes a dénoncé l’irresponsabilité de tels actes qui «sèment la discorde et créent un contexte de division alors que l’heure doit être plus que jamais à l’unité nationale. L’Etat islamique  n’a de cesse de vouloir fracturer la société française. L’Etat républicain doit y répondre par l’esprit de concorde qui ne saurait laisser de place à l’amalgame». Joignant la formule écrite à la visite de terrain, le représentant de l’Etat s’est rendu à la Grande Mosquée de Lyon après la prière du vendredi et a de nouveau martelé son message, rappelant un événement historique fort dans le subconscient occidental : la chasse aux juifs par les nazis dans les années 1930 et 1940 : «On a eu des actes de stigmatisation qui sont intolérables. Je condamne (...) ces actes ignobles qui, en désignant à la vindicte votre communauté, rappellent, ni plus ni moins, les méthodes qui conduisirent les nazis à la Nuit de cristal.» En novembre 1938, ce massacre entré dans l’histoire comme la «Nuit de cristal» avait été présenté par les nazis comme une réaction populaire à l’assassinat à Paris d’un diplomate allemand par un juif polonais. C’est peut-être la première fois, en France, qu’un haut responsable de l’administration relie la haine antimusulmane à la haine antijuive qui a fait des milliers de morts avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. DES SPHÈRES LIÉES À L’EXTRêME DROITE Les appels à la haine véhiculés par des sphères liées à l’extrême droite sont violents : «Dehors ou la mort», «La milice catholique antibicots», «Anti-islam» ou «La milice de Lyon revient pour tuer». Cela n’est hélas pas nouveau. Les messages haineux sont répétés depuis des années si ce n’est des décennies, à l’époque visant les Algériens surtout. Ils sont renforcés aujourd’hui dans un contexte d’attentats par la Toile ou simplement les commentaires de certains internautes sur les sites d’information. Pour Abdallah Zekri, secrétaire national du Conseil français du culte musulman, «ces tags surviennent après les appels au meurtre des dirigeants musulmans qui fleurissent actuellement sur les réseaux sociaux. Les tragiques événements du Bataclan en novembre 2015 et l’attaque criminelle du 14 juillet 2016 à Nice ont touché les Français dans leur diversité, sans tenir compte ni de la couleur de leur peau ni de leur religion. Sur les 84 morts lâchement assassinés, 34 personnes étaient de confession musulmane». Celui qui est aussi président de l’Observatoire national contre l’islamophobie a lancé un appel : «Devant le climat qui règne actuellement, il est demandé aux politiques de faire bien attention à certaines déclarations qui risqueraient de diviser encore plus la communauté française.» Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, est effaré : «Je vois pour la première fois des propos de mort écrits sur les murs de nos mosquées, sur les murs de la ville.» Et il rappelle que «les musulmans sont victimes de la double peine. D’un côté Daech qui les menace et les tue, de l’autre des extrémistes qui veulent attenter à nos vies». Si «la réponse doit être la tolérance et la fraternité», le préfet Delpuech a tout de même réitéré la nécessité pour les musulmans de «lutter contre les dérives radicales» dans l’islam. Au lendemain de l’attentat de Nice, les responsables religieux lyonnais avaient pris les devants sur cette question en estimant : «Il devient urgent d’étudier et de discréditer les fondements idéologiques et théologiques de la pensée extrémiste et combattre ceux qui l’alimentent, la nourrissent et la financent.»  

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