mercredi 20 juillet 2016

«Les caisses des APC sont vides et la situation est grave»

Louisa Hanoune manie les chiffres à la perfection. Elle en a encore fait la démonstration au milieu des élus nationaux et locaux de son parti, réunis hier pour débattre de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les APC et APW. Privés d’argent alors que l’Etat alimentait jusqu’alors 60% de leurs budgets, elles sont aujourd’hui contraintes de trouver d’autres sources de financement tout en continuant à répondre aux exigences de la population. Une équation impossible qui fait craindre le pire selon la secrétaire générale du PT. «Quand l’Etat décide de geler 5000 projets, et qu’en même temps la très grande majorité des APC ont leurs caisses vides et n’arrivent même plus à payer leurs employés, c’est que la situation est très grave», a affirmé Mme Hanoune, pour qui les échauffourées qui ont éclaté à Tamanrasset entre la population locale et les migrants subsahariens sont l’exemple même des conséquences qui découlent de la politique menée par ce gouvernement, conduisant à une situation locale désastreuse. Autre preuve du désarroi des présidents d’APC : certains en sont réduits à vendre leur parc immobilier afin de renflouer les caisses. «Nous sommes en pleine transformation radicale, a expliqué la secrétaire générale du PT. Nous avons atteint un dangereux point de rupture depuis la mise en place de ce plan drastique qui permet l’enrichissement d’une minorité au détriment de la grande majorité des Algériens.» Pour la patronne du Parti des travailleurs, les décisions prises par le gouvernement Sellal sont en totale contradiction avec les orientations du président Bouteflika. «Cette politique mène le pays vers un sous-développement total», juge-t-elle. «Nous sommes face à un pays qui peut s’effondrer à tout moment», a-t-elle averti, accusant l’équipe Sellal d’être à la solde des riches. «Ce gouvernement est plus préoccupé par l’enrichissement d’une minorité que de venir en aide aux plus nécessiteux», accuse-t-elle. D’autant que ceux qui profitent des avantages fiscaux ne donnent rien en contrepartie. L’opération d’emprunt obligataire en est un parfait exemple. Lancée en grande pompe, l’opération est un échec malgré l’obligation faite aux banques publiques de participer à la campagne. «Les banques publiques ont été contraintes de mettre la main à la poche. Mais même ainsi, cet emprunt n’a rapporté que 500 milliards de dinars», a rappellé Mme Hanoune, qui pointe du doigt le jeu trouble du FCE, la plus importante organisation patronale. Pour elle, le Forum des chefs d’entreprise que préside Ali Haddad s’est contenté de «faire des promesses». Pour éviter de basculer dans une politique d’endettement soufflée par les économistes du FMI, la secrétaire générale du PT préconise le recouvrement de l’impôt, qui n’est que de 12% en Algérie et ne rapporte que 100 milliards de dinars au Trésor public. Face à ses cadres, Louisa Hanoune a demandé à ce que l’on aille chercher l’argent là où il se trouve. «Si l’on récupère les 100 milliards de dollars d’impôts impayés et les 57 milliards de dollars de prêts accordés aux ‘‘copains’’ et que l’on y ajoute les 5 milliards de dollars accordés au FMI, on aboutit à 162 milliards de dollars. Avec cet argent, on peut tenir trois ans sans recourir à l’endettement extérieur.»

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