mercredi 5 juillet 2017

Confusion à Aïn El Turk (Oran)

Les plages de Aïn El Turk sont très belles, et il suffit juste d’un peu plus d’efforts pour qu’elles deviennent paradisiaques. Chaque année à Oran, lorsque la saison estivale arrive, la commune de Aïn El Turk connaît une ébullition sans précédent. Pendant 2 mois, cette station balnéaire est envahie par les juilletistes et les aoûtiens, qui vont promener leurs guêtres à Aïn El Turk, attirés par les belles plages dont cette petite ville est pourvue. Pour aller à Aïn El Turk quand on n’est pas véhiculé, rien de plus simple : au bout du front de mer d’Oran, à côté du jardin Le Petit Vichy, une nuée de taxis jaunes sont stationnés et attendent l’arrivée d’éventuels clients. Le chauffeur ne met le contact qu’une fois avoir «ramassé» 5 voyageurs. Ces derniers déboursent chacun 70 DA, et le taxi démarre à toute blinde. Malheureusement, on est forcé d’admettre que le bonheur, presque enfantin, d’aller à la grande bleue est coupé court dès lors qu’on y arrive, car le désenchantement ne tarde pas à prendre le dessus. Ce fut le cas dimanche dernier quand, pour les besoins de cet article, nous avons effectué une virée, en deux temps, dans plusieurs plages oranaises. Premier constat, le manque flagrant d’hygiène : ordures ménagères, canettes de bière, sachets en plastique et autres détritus nocifs… tel est le lot des vacanciers, de St-Rock jusqu’à Aïn El Turk. Quand on serpente la rue du 8 Mai 45, en forme de pente, pour descendre à la mer, on est désolé de voir tout un tas d’ordures, sans compter les bouteilles d’eau en plastique jetées ici et là. On est aussi frappé de voir toutes ces hideuses constructions érigées les unes à côté des autres, créant un paysage urbain des plus affreux. Ces constructions sont talonnées par des baraques et autres bidonvilles qui ont cette originalité d’être «pieds dans l’eau». Le long des rivages, on ne trouve ni sable blanc ni flots bleus. Parfois, on tombe sur des vaisseaux de canalisation éructant des eaux usées, qui forment un long filet rebutant se déversant en plein dans la mer. Autre désagrément pour les vacanciers, et non des moindres : les concessionnaires illicites qui plantent, toute honte bue, leurs tables un peu partout, ne laissant que peu d’espace pour les familles qui viennent avec leurs propres parasols et transats. Pourtant, voilà déjà 3 ans que la concession des plages a été interdite, mais comme dit l’adage, «les vieux réflexes ont la peau dure». Ces plagistes proposent aux familles un tarif qui, à leurs dires, est raisonnable : 500 DA pour la journée. Mais il est utile de préciser que le prix peut varier d’un endroit à un autre, et la tarification a tendance à augmenter dans les plages réputées pour être un peu plus «huppées». «Parfois, on fait des réservations la veille. Généralement, la première rangée de tables on la consacre aux familles afin qu’elles puissent bien surveiller leur progéniture. Les tables des deuxième et troisième rangées, on les laisse aux couples, aux bandes de copains et aux solitaires», nous explique un jeune concessionnaire, accompagné de toute une bande, rencontré à la plage de Aïn El Turk. Ce que nombre de personnes reprochent à ces plagistes, qui souvent sont munis de chiens pour impressionner les vacanciers, ce n’est pas de proposer une prestation de service en mettant à la disposition des vacanciers des tables à la location, mais de prendre au dépourvu tout le monde en accaparant toute la bande sablonneuse, ne laissant aucun espace aux familles. «Cette époque où on allait à la plage en famille, munis de notre propre parasol, est révolue. Tellement dégoûté par le spectacle qu’offrent nos plages aujourd’hui, le fait d’y aller m’est d’une pénibilité qui ne dit pas son nom. Du coup, je n’y vais plus aussi souvent qu’auparavant», nous dit, dans un soupir, Amine, un trentenaire. D’autres, ceux qui aiment aller faire trempette en solitaire, ont trouvé la parade. C’est le cas d’un vacancier, la quarantaine, rencontré à la plage de Aïn El Turk : «Je ne vais quand même pas claquer à chaque fois 500 DA pour avoir une table quand je veux nager. Ce que je fais, je déplie ma serviette sur le sable à côté d’une famille qui a loué une table. Puis, quand je veux me mettre à l’eau, je donne mes affaires (portable, clés de voiture, etc.) à la grand-mère de cette famille. Je peux alors aller nager en toute quiétude, assuré que mes affaires sont entre de bonnes mains.» D’autres encore préfèrent aller de bonne heure, dès potron-minet : non seulement les concessionnaires n’ont pas encore squatté les lieux, mais en plus il y a infiniment moins de monde, ce qui leur donne tout le loisir de profiter pleinement de la plage, sans subir de désagréments. Pour celles et ceux qui sont plus aisés financièrement et qui renâclent à l’idée d’aller sur des plages aussi sales et mal entretenues, le choix est vite fait : cap sur les plages privées, généralement appartenant à des hôtels de luxe ou à des complexes touristiques. Seulement, le prix dans ces plages privatisées s’élève à 1000 DA par personne. Pourtant, les plages de Aïn El Turk sont très belles, et il suffit juste d’un peu d’efforts pour les rendre paradisiaques. En effet, toutes ces belles plages que compte cette commune — Saint-Rock, Trouville, Bouiseville, Paradis-Plage, Cap Falcon, Clairefontaine, Beau-Séjour, Aïn El Turk, et bien d’autres encore… aux noms si exotiques, mais à la réalité tellement désolante — méritent d’être gérées mieux que cela. Enfin, pour finir l’article sur une note positive, notons qu’en ce mois de juillet, une ligne maritime va relier le port d’Oran à Aïn El Turk, plus précisément la plage des Dunes, ce qui aura pour effet, à coup sûr, de fluidifier un tantinet la circulation. C’est toujours ça de gagné…

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