La filière des boissons gazeu-ses et jus de fruits stagne alors que de plus en plus d’Algériens consomment de manière moins régulière des boissons con-tenant des sucres ajoutés. Ce recul de la consommation, constaté par des défenseurs des droits des consommateurs (lire entretien) et des industriels, s’explique essentiellement par la faiblesse du pouvoir d’achat, mais surtout par une prise de conscience chez les consommateurs des risques sur la santé publique. «Le consommateur algérien a pris conscience des risques liés à une consommation abusive des boissons sucrées. On le sent au niveau packaging. Autrefois, il y avait énormément de consommation de bouteilles de deux litres. Ac-tuellement, celle-ci a diminué. D’ailleurs, le consommateur s’est rabattu sur les bouteilles d’un litre», estime le président de l’Association des producteurs algériens des boissons (Apab), Ali Hamani, dans une déclaration à El Watan. Depuis 2001, la filière des boissons, un des secteurs les plus dynamiques du marché algérien de l'agroalimentaire, enregistrait une forte croissance annuelle de près de 8%. «Mais, depuis 2016-2017, cette progression a chuté», précise-t-il. La production globale du secteur tourne autour de 4,5 milliards de litres par an, couvrant 85% de la consommation nationale. Les Algériens consomment près de 54 litres de boissons gazeuses par habitant et par an et 15 litres par habitant et par an de jus de fruits. Par filière, les boissons gazeuses ont évolué de seulement de 2% alors que les jus ont stagné à fin 2017. Le soda quant à lui a progressé de 2% entre 2016-2017, tandis que la moyenne annuelle dans cette sous-filière était de 8%, selon les chiffres fournis par Ali Hamani. «En 2018, je pense qu’il y aura la même tendance, même si le taux de sucre sera réduit», note le président de l’APAB. Vers une réduction du sucre Selon des spécialistes, il est établi que la surconsommation de breuvages sucrés favorise le développement de maladies chroniques et augmente les dépenses publiques en santé. Pour y remédier, le gouvernement s’emploie à la préparation d’une réglementation qui limitera le taux de sucre, de sel et de graisses dans les aliments. Un comité interministériel a été installé récemment par le ministère du Commerce. Pour Ali Hamani, l’Apab n’a pas attendu la mise en place d’un dispositif normatif pour agir. «Entre 50 et 60% des producteurs ont déjà abaissé le taux de sucre (...) Avant la canette contenait 33 cl. Aujourd’hui, il y a des canettes de 25 cl. Pour les jus, il y a des produits de 20 cl et maintenant il y a des jus de 10 cl. Indirectement, le consommateur peut réduire sa consommation de sucre», observe le président de l’Apab, en plaidant en faveur d’une large campagne de sensibilisation. Son association milite pour une réduction graduelle du taux de sucre pour atteindre un seuil de 105-110 grammes/litre sur une période de 5 à 6 ans. «C’est ce que nous retrouvons dans les boissons sur les marchés européens. Certaines associations estiment qu’il faudrait réduire le taux de sucre de manière brutale (…) Nous avons dit qu’il faudrait réduire le taux de sucre graduellement pour habituer le palais du consommateur à moins de sucre», argue-t-il, en précisant que les pays qui ont adopté cette démarche ont eu des résultats positifs. Celui-ci bat en brèche l’idée selon laquelle il existerait des normes internationales en matière de taux de sucre dans les produits agroalimentaires. «C’est totalement faux ! Il n'y a aucune norme internationale qui détermine le taux de sucre ou de sel dans les produits alimentaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a plutôt déterminé la consommation globale journalière du taux de sucre. Mais, il n'y a aucune norme sur tel ou tel produit», explique-t-il. Le président de l’Apab recommande aussi l’élargissement de la limitation du taux de sucre à d’autres produits agroalimentaires : «Si vous touchez les boissons et que vous maintenez la chocolaterie, les biscuiteries, la confiserie, etc., avec un taux de sucre aussi élevé, c’est comme si nous n'avions rien fait. Il faut que tous les produits soient concernés.» La filière des boissons consomme, selon lui, uniquement 11% du sucre importé et/ou produit localement. S’agissant de l'étiquetage nutritionnel des denrées alimentaires dont l’arrêté interministériel tarde à être signé, l’Apab a également pris les devants. «En tant qu’association, on n’a pas attendu la promulgation du décret. Nous avons sensibilisé un certain nombre de producteurs pour lancer l’étiquetage nutritionnel. De nombreuses boissons disposent d’un certains nombre d’informations nutritionnelles», souligne notre interlocuteur. Une fois entré en vigueur, l'étiquetage nutritionnel devrait, d’après lui, «inciter les gens réticents à une implication stricte». L’Apab attend par ailleurs la publication des textes d’un décret relatif aux principes de l’HACCP (règles d’hygiène minimales dans la production) qui devraient être appliquées par toutes les unités industrielles.
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