jeudi 29 mars 2018

Un plaidoyer pour la paix dans le monde

Il est l’une des voix rares dans le concert de la diplomatie internationale à poursuivre inlassablement le combat pour la paix dans un monde propulsé dans la spirale des guerres permanentes. L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, ne se résigne pas à la fatalité meurtrière des guerres. A Alger où il est en visite, il a plaidé pour la reprise de la parole de la paix et sortir des silences qui nourrissent les ressentiments. Dans un discours qu’il a prononcé avant-hier à l’Ecole supérieure algérienne des affaires (Alger), il a passé au crible les principales zones de tensions et de conflits qui agitent le monde, portant la «parole» dans les plaies béantes de l’humanité pour mieux dire le drame des guerres et les traumatismes qu’elles charrient. C’est un combat contre les résignations paralysantes et contre la fatalité de la guerre. Debout, il brandit le drapeau blanc de la paix dans un monde assourdi par le bruit des bottes. Mêlant références culturelles et réflexions philosophiques aux formulations politiques, l’ancien chef de la diplomatie française rappelle combien «nous sommes plus que jamais rongés par le poison de la violence». «Cette violence est l’héritière d’un monde inégal. La colonisation a introduit un vice originel et un déséquilibre dans les relations entre les peuples, marquées d’emblée par le sceau de l’inégalité», dit-il. Portant le fer contre les logiques de domination et d’humiliations des peuples par les puissants, Dominique de Villepin plaide pour la «réconciliation». «Matrices d’un monde ébranlé et de ses blessures, l’inégalité, la force et l’humiliation nous ont conduit à une impasse. Aux silences marqués par le fer rouge de la violence, nous devons opposer la parole, la seule qui soit capable de nous montrer le chemin de la paix et de la réconciliation», soutient-il. Mais cela suggère un préalable : briser les silences «sans quoi nous n’entrerons jamais dans le temps des pardons». Un clin d’œil évident aux relations algéro-françaises qu’il aborde avec courage en appuyant sur les silences et les non-dits qui les plombent. «Notre relation actuelle est encore faite de silences, alors que nos deux pays continuent de se regarder en chiens de faïence. La France et l’Algérie entretiennent des rapports complexes et passionnels, faits de déchirements et de rapprochements...» Mettant en évidence ce que les deux pays ont en partage – «une terre commune dans le monde de Babel» – pour empêcher la rupture mais surtout renforcer ce qui unit. Quoi de mieux que la culture pour labourer ce champ de réconciliation. Evoquant les Dib, Djaout, Daoud, Dominique de Villepin assure que l’Algérie et la France sont «deux pays de culture, avec un même amour de la littérature, un même amour de l’art, et nous savons que la culture est un message de paix. La diffusion de ce message et de cet amour partagés repose donc sur nos efforts communs, et doit nous engager à la promotion de la culture à travers le monde, là où nos voix peuvent porter». Et c’est dans cet esprit qu’il appelle l’Algérie à une triple réconciliation ; avec «elle-même, avec la France et avec le Maroc». Cela mènerait «au retour de la parole algérienne, à la sortie progressive du silence». L’homme de refus de la guerre contre l’Irak en 2003 dit combien il est important que l’Algérie puisse retrouver sa voix, «cette voix singulière du refus de la guerre et du refus de l’ingérence, porte de nouveau dans le monde arabe». Le mot réconciliation a fortement imprégné le discours d’un Dominique de Villepin. Elle est plus que jamais nécessaire dans un Moyen-Orient en déconfiture. La persistance du conflit en Palestine demeure sans doute l’une des plus grandes frustrations du diplomate français. Il n’a pas hésité à affirmer que «la paix au Moyen-Orient n’est pas souhaitée par beaucoup de monde». Comme si dans cette région, le danger viendrait de la paix. La «réconciliation entre Israël et la Palestine, sans laquelle aucune stabilité ne saurait voir le jour au Moyen-Orient. Ceci suppose une main tendue de la part du plus fort vers le plus faible, dans un esprit de responsabilité de la part des autorités israéliennes et de prise de risque politique. Une telle paix asymétrique reposerait sur la solution à deux Etats, la seule susceptible d’être une base de discussion acceptable par tous», défend M. de Villepin.

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