L’impair commis la semaine dernière par le salafiste et représentant des wahhabites en Algérie, Mohamed Ali Ferkous, provoque une importante polémique. Fraîchement désigné comme chef des salafistes algériens par ses mentors saoudiens, l’islamiste s’est attaqué frontalement à tous les courants religieux existant en Algérie, dont les Frères musulmans et le soufisme. Selon lui, seul le «salafisme fait partie de la sunna» et tout le reste «est impie». Du takfirisme pur et dur, qui rappelle de tristes souvenirs, dont les blessures ne sont pas encore cicatrisées. Cette sortie a suscité une révolte dans les milieux islamistes algériens. En effet, les réactions à ces propos ne se sont pas faites attendre. L’Association des oulémas, les chefs des partis politiques d’obédience islamiste, des prédicateurs et des académiciens n’ont pas tardé à répondre au cheikh inféodé à l’Arabie Saoudite. Il y a même une sorte de consensus autour du caractère «gravissime des propos du fondamentaliste» qui constitue «une attente à l’unité nationale et au fondement de l’islam modéré en Algérie». Pour l’ensemble des intervenants, les agissements de Mohamed Ali Ferkous sont «un danger susceptible de réveiller les conflits entre les différents courants de l’islam». Tolérés, voire encouragés pendant des années, les salafistes, selon les contestataires, tentent désormais de dévier l’Algérie de sa trajectoire et diviser les musulmans. Pour le président de l’Association des oulémas, Abderrazak Guessoum, les déclarations de Mohamed Ali Ferkous constituent «une déclaration de guerre aux croyances du peuple algérien et de la nation musulmane». Mohamed Aïssa : «nous appliquerons la loi» La réaction des responsables de partis politiques d’obédience islamistes s’inscrit dans le même registre. Ils relèvent tous le danger que représente ce genre de déclarations venant de quelqu’un qui enseigne dans une université des sciences islamiques d’Alger. Pour le président du FJD, Abdallah Djaballah, «le mouvement représenté par Mohamed Ali Ferkous constitue un véritable danger». «J’ai beaucoup travaillé sur la salafia madkhalia, qui est une création des services saoudiens lors de la première guerre du Golfe (au début des années 1990). Ce sont les prétendus savants de ce courant qui font des fatwas pour le régime saoudien», lance-t-il dans une déclaration à une chaîne de télévision privée. Dans le même sens, le président du MSP, Abderrazak Makri, qualifie «les idées véhiculées par Mohamed Ali Ferkous de très dangereuses pour la nation». Il appelle ainsi les membres de ce courant à «la raison». «Ces idées risquent de ramener l’Algérie à la tragédie des années 1990», enchaîne le président du mouvement Ennahda, Mohamed Douibi. Dans sa première intervention à ce sujet, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, brandit la carte de la loi. Selon lui, les autorités ne réagiront pas par des communiqués, mais à travers l’application de la loi contre les auteurs de ces déclarations extrémistes. «L’Etat affrontera ces idées extrémistes et la loi sera appliquée contre ceux qui les propagent. Nous ne laisserons pas passer ce genre de pratiques, notamment celles qui visent à diviser la société algérienne», souligne-t-il en marge des travaux du 6e Colloque international sur le soufisme.
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