jeudi 29 mars 2018

Trois femmes, dont deux médecins résidents, décèdent par asphyxie

Trois femmes, dont deux médecins résidents, sont décédées, dans la matinée de mardi à Douéra (Alger), suite à une intoxication au monoxyde de carbone. Deux autres résidentes ont également été intoxiquées. Elles se trouvent toujours en observation à l’hôpital. «Ce sont les services de sécurité qui nous ont alertés à 21h05 sur cet accident à la cité des 100 Logements, coopérative El Fath, à Douéra. Trois personnes sont décédées sur place alors que deux autres encore en vie ont été évacuées à l’hôpital de Douéra. Les victimes sont âgées entre 26 et 38 ans», précise dans une déclaration à El Watan le sous-lieutenant Sadek Kamel. C’est la sœur de Bensaada Sabrina, hospitalisée, qui a donné l’alerte. Venue de Béjaïa, où elle suit un cursus en pharmacie, elle s’était entendue avec sa sœur pour passer la récupérer à midi pour se rendre à Djelfa. «Elle n’a pas réussi à entrer en contact avec sa sœur. Mais comme elle sait que sa sœur a l’habitude de faire du sport, elle a patienté une partie de l’après-midi avant d’aller à 16h30 frapper à la porte de son appartement. Mais toujours rien. Elle décide de se rendre au service rhumatologie où elle exerce, à 200 mètres de la coopérative El Fath, où elle loge. L’infirmier et le médecin de garde lui ont dit qu’ils ne l’avaient pas vue», raconte une camarade des résidentes, éplorée. La sœur a décidé alors d’aller au commissariat de police, «mais comme les policiers n’ont pas voulu forcer la porte, elle est revenue au service où un infirmier, connu des résidentes, a contacté ses autres colocataires mais sans succès», poursuit le médecin. Ce n’est qu’à 22h que les policiers, accompagnés des éléments de la Protection civile, ont forcé la porte de l’appartement. Ils retrouvent les corps sans vie des trois résidentes. Leurs deux colocataires, encore en vie, ont été transférées au service de réanimation du CHU de Douéra. Résidentes-réfugiées sans salaires ! Selon le médecin légiste, contacté par une source du Camra, le décès remonte à 7 heures. «La fuite de gaz a été causée par un chauffe-bain défaillant que les filles ont pourtant fait réparer il y a deux jours», explique-t-on. D’après leurs collègues de l’hôpital, encore sous le choc, les victimes s’étaient manifestées, la veille du drame, sur Facebook. «Avant-hier (lundi), elles ont ‘‘liké’’ l’appel à l’AG à la faculté de Blida lancé par notre collectif. Et l’une d’elles, Dahmani, était en contact avec une consœur jusqu’à 1h», signale Kikout Samir, représentant du Camra à l’université de Blida. Les résidentes ont loué un F3 à proximité du CHU de Douéra. «Les deux sœurs Dahmani sont originaires de Beni Slimane à Médéa. Brague et Bensaada sont de Djelfa. Deriouche Houria est de Aïn Defla. La sœur de Dahmani Amel, vétérinaire de formation, est venue chez sa sœur pour un stage à Alger. Les filles ont loué cet appartement pour 38 000 DA, d’où leur choix d’être ensemble», relève Kikout. Issues de la faculté de Blida, les résidentes ont été de tous les combats du collectif autonome, Camra. «Dahmani Amel et ses camarades avaient participé aux marches d’Oran, de Constantine. Elles n’ont jamais raté les piquets de grève. C’étaient des braves», se souvient le délégué. Les difficultés qu’ont les médecins résidents à trouver un hébergement décent sont une des raisons du mouvement de grève lancé par le Camra. L’une des revendications a trait aux conditions d’hébergement des médecins, obligés de louer à des tarifs très élevés, pour ceux qui restent dans les grandes villes. «Le médecin est ‘‘moukim ladji’’ (résident-réfugié). Je signale aussi que les résidents du CHU de Douéra n’ont pas perçu leurs salaires. Le gel a été décidé depuis le 4 janvier», déplore Kikout. Les victimes originaires de Médéa ont été inhumées hier, leur camarade de Djelfa sera enterrée aujourd’hui, a-t-on fait part.

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