L'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (Apoce) a lancé une campagne, qui consacre pour chaque photo qui dénonce un producteur de lait indélicat une somme de 5000 à 20 000 DA. Selon cette association, il y a deux problèmes majeurs : le premier concerne les laiteries et le détournement de la poudre directement au niveau de l’usine, et le deuxième est relatif à certains distributeurs qui utilisent le lait subventionné à d’autres fins. D’où l’apparition, ces dernières semaines, du phénomène de vente de lait sur la voie publique, parce que le commerçant ne peut le vendre au-delà de 25 DA à l’épicerie, car il risque une amende. Dans ce contexte, l’Apoce appelle la population à intégrer, dans sa pratique quotidienne, «la culture de la dénonciation» afin de mettre un terme aux pratiques commerciales malsaines dont elle est victime de la part de certains «barons du lait» à travers, entre autres, le numéro de l’organisation qui est le 3311 et qui a largement contribué jusque-là à la réussite de plusieurs campagnes. Cela se déroule dans un contexte de crise du lait en sachet en Algérie qui est de retour. D’interminables chaînes sont formées quotidiennement pour s’approvisionner, souvent tôt le matin. Ahmed Mokrani, directeur adjoint de l'approvisionnement du marché auprès du ministère du Commerce, a souligné récemment que l’objectif des ministères du Commerce et de l’Agriculture est l’approvisionnement régulier du marché en lait, surtout pendant le mois de Ramadhan. Chiffres à l’appui, il rappelle que l’Etat fournit mensuellement environ 14 500 tonnes de poudre de lait à 119 laiteries conventionnées avec l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL). La consommation de lait en sachet est prédominante dans le milieu urbain, elle y représente plus de 40% du budget des ménages, tandis que la part du lait frais y est très faible (2,4%). Dans le milieu rural, la consommation de lait en sachet est toute aussi importante (33,5%), elle représente presque la même part que les autres laits (en poudre, concentré, caillé). Par ailleurs, la consommation de lait frais est plus importante par rapport au milieu urbain, même si elle reste relativement faible (10,5%). Mustapha Zebdi, président de l'Association, est tout feu tout flamme : «Nous avons déjà soutenu le boycott spontané de l’achat de voiture pour enraciner la culture de la consommation. Ces prémices laissent supposer la formation d’un lobby populaire : quand il est dans un cadre légal, il peut vaincre l’ensemble des lobbies qui a amassé une richesse d’une manière déloyale.» Selon lui, «il faut que les consommateurs soient le cinquième pouvoir, parce que naturellement l’opérateur économique défend ses intérêts et veut un retour sur investissement le plus rapidement possible, ils sont en coalition et ils ont raison pour ouvrir les portes de l’investissement. Il faut en tant que consommateurs que nous puisons aussi nous fédérer non pour être en confrontation avec eux ,mais pour être complémentaire : chacun défendant ses intérêts».
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