La dernière sortie de certains députés islamistes ayant interpellé le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, pour la «séquestration» de la mythique fontaine de Aïn Fouara, égayant depuis plus de 116 ans le centre de la capitale des Hauts-Plateaux, a choqué et scandalisé les Sétifiens. Outrés par un dérapage ne disant pas son nom, des membres de la société civile n’ont pas voulu passer sous silence une gravissime manœuvre politicienne, dissimulant des desseins inavoués. En dépit du froid polaire sévissant depuis jeudi et de l’épais manteau blanc couvrant l’antique Sitifis, de nombreux Sétifiens se sont rapprochés hier de notre bureau, rien que pour condamner, fustiger et s’opposer avec vigueur à cette nouvelle forme d’obscurantisme . «Les Sétifiens n’ont rien demandé à ces députés ne connaissant rien à l’histoire et à la mémoire. Installée depuis la nuit des temps, cette statue ne dérange personne. Sa nudité n’offusque que ces arriérés mentaux. Pour la gouverne de ces gens, cette sublime statue est le témoin privilégié des moments forts vécus par la ville du 8 Mai 1945. Aïn Fouara restera là où elle est, vaille que vaille. L’Algérie, qui a payé un lourd tribut lors de la tragédie nationale, ne peut faire marche arrière», tonnent nos interlocuteurs en colère. «Aujourd’hui, ils demandent l’internement de Aïn Fouara. Demain, ils vont sans doute s’attaquer au mur byzantin, au tombeau de Scipion, aux bains romains du square Barral, aux vestiges ornant le jardin Raffaoui (ex-jardin d’Orléans), au vieux théâtre municipal et, pour boucler la boucle, au Musée national et à l’ancienne ville de Djemila (ex-Cuicul) regorgeant de vestiges des civilisations anciennes. Aïn Fouara est, à l’instar d’innombrables monuments historiques, un patrimoine national, il est donc du devoir de tous les Algériens de la défendre. Malgré la pression et les commérages de certains obscurantistes, la restauration de ce chef-d’œuvre avance bien. Nous profitons de l’opportunité pour rendre hommage aux artistes algériens qui ont pris en charge la délicate mission de ''soigner'' ce témoin de l’histoire. Nous saluons, par ailleurs, la position courageuse et responsable du ministre de la Culture», précisent nos interlocuteurs appelant à la vigilance. Afin de connaître leur position, nous avons pris attache avec certains députés de la wilaya, qui en compte 19. Certains ont diplomatiquement refusé de nous parler. Pour des raisons «politiciennes», d’autres ont préféré la «neutralité», le député du RND Salah Dekhili va, quant à lui, droit au but : «En arrivant en Egypte, les compagnons du Prophète n’ont pas fait des statues des pharaons une fixation. Les problèmes de la wilaya de Sétif dépassent de loin la question de Aïn Fouara, un vrai-faux sujet. Si on suit le raisonnement de ces gens, on doit démolir l’ancien palais de justice de Sétif (transformé en direction des moudjahidine) et la prison Serkadji (Alger), des témoins d’un pan de notre histoire contemporaine.»
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