Après un début de juillet assez clément, voilà que le mercure a pris finalement en cette fin de mois une ascension pour atteindre les 45°C à l’ombre. A Béchar, les chaleurs sont exceptionnelles et étouffantes, qualifiées par certains de «déluge de feu».
Elles paralysent toutes les activités commerciales et dissuadent en même temps le plus téméraire à quitter sa demeure à partir de midi. A cet horaire, rien ne bouge, on ne peut déceler la moindre personne dans les rues et ruelles du centre-ville de Béchar. Pour ceux qui en ont les moyens financiers, le problème ne se pose pas : ils ont déjà quitté la ville et se sont «expatriés temporairement» vers le Nord.
Les vacanciers du Sud ont, depuis, changé de culture et n’élisent plus domicile dans des hôtels comme il y a quelques décennies, mais louent désormais des demeures sur le littoral d’Oran, de Témouchent ou encore de Mostaganem, villes devenues les destinations préférées des habitants de la Saoura. D’autres estivants encore, mais ceux-là peu nombreux, ont récemment découvert les merveilles des plages paisibles de Béjaïa et l’accueil chaleureux de ses habitants pour s’installer en été dans la Petite Kabylie et sa périphérie.
L’écrasante majorité de la population restante, dépourvue de moyens financiers, vit alors au rythme de la canicule suffocante. A partir de midi, les rues du chef-lieu de wilaya sont terriblement vides, livrées au règne implacable du soleil brûlant. Il faut attendre 18h pour que les activités en tous genres reprennent timidement. Béchar est probablement l’unique wilaya de la République qui ne dispose pas d’un centre de loisirs et de détente pour accueillir les familles cloîtrées chez elles toute l’année.
Quant aux activités culturelles susceptibles d’atténuer la morosité des journées caniculaires, elles sont rares en cette période. L’unique refuge pour les jeunes et moins jeunes demeure les cafés. Ces établissements sont nombreux à Béchar, mais bondés de gens oisifs dans la matinée comme dans la soirée. Les patrons cafetiers ne prennent pas de congé en été tant leurs affaires prospèrent durant cette période. Interrogées, les personnes attablées sur les terrasses de café répliquent désabusées : «Où partir ?» Certains évoquent la cherté de la vie et ne peuvent se permettre des vacances qui dépasseraient 100 000 DA.
L’ennui mortel incite certains jeunes à s’adonner aux stupéfiants et à l’alcool souvent frelaté et à des prix prohibitifs, car les établissements légaux de boissons alcoolisées ont été fermés par les autorités locales il y a quatre ou cinq ans. Un centre de loisirs et de détente pour familles d’une superficie de 7 ha est en chantier et ne sera achevé que dans deux ans. En attendant, tard dans la soirée, des centaines de familles en voiture prennent le chemin de la sortie nord de la ville vers l’aéroport pour se jeter sur les maigres pelouses d’un rond-point face à la polyclinique algéro-cubaine à la recherche d’un peu de fraîcheur.
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