L’affaire des «magistrats faussaires» et des «faux moudjahidine» ne connaîtra pas son épilogue de sitôt.
La chambre pénale près la cour d’Alger vient de rendre un arrêt demandant un complément d’information dans le procès en diffamation opposant Benyoucef Mellouk à son plaignant, Mohamed Djeghaba, ancien ministre des Moudjahidine.
Poursuivi dans cet énième procès, Mellouk est indigné par une décision qui «remet à zéro toute l’enquête». «La chambre pénale de la cour a rendu un jugement étrange après 23 ans de procès, d’arrestations et de menaces. La justice avait pourtant tous les éléments en main pour statuer. On ne veut pas rendre de jugement définitif.
Les soutiens du régime veulent m’avoir à l’usure», s’offusque-t-il. L’ancien fonctionnaire au ministère de la Justice, qui a enquêté sur des magistrats «faussaires», dénonce fermement un «silence» et une «complicité» dans tous les rouages de l’Etat. «Le juge d’instruction Ali Hellali a instruit l’affaire en 1992.
Depuis cette date et les plaintes déposés contre moi par des proches de Ali Kafi, Bouteflika ou même Chadli, j’ai remis tous les dossiers en ma possession à la justice, aux différentes administrations et à toutes les autorités de l’Etat. Mais au lieu de sévir, on m’a poursuivi en justice, emprisonné durant 20 jours à Serkadji, et on s’est même opposé à la décision de ma mise à la retraite», s’indigne l’homme, abattu, mais à la certitude chevillée au corps.
L’homme par qui ce scandale d’Etat a été dévoilé affirme n’avoir reçu le soutien d’aucune personne, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition. «Tout le monde se dérobe.
La justice, la Présidence, les associations, les avocats, l’ONM et même l’opposition actuelle. Même mes plaintes pour menaces, qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui, ont fini en non-lieu. Je dois, cependant, rendre hommage à maître Mokrane Aït Larbi, qui a pris en charge depuis le début mon affaire sans toucher ses émoluments», signale Mellouk.
Dernier recours : Mellouk a décidé de solliciter les instances internationales pour faire aboutir son affaire. Des plaintes sont déposées devant la cours européenne des droits de l’homme (CEDH) et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH). «Je n’ai plus confiance en la justice de mon pays. Il y a une complicité au sein de l’institution judiciaire pour étouffer l’affaire. Maintenant, je me tourne vers la justice internationale. Les plaintes sont à l’étude», précise-t-il.
Mellouk a des certitudes : «Le dossier des magistrats faussaires n’aboutira jamais avec le régime actuel. Personne ne voudra l’ouvrir quand on sait que des membres des familles de trois chefs d’Etat sont impliqués. Mais j’ai une certitude : justice se fera, même après ma mort.» Ancien sous-directeur du contentieux, Benyoucef Mellouk a collecté 520 dossiers de juges qui ont fourni de fausses attestations pour accéder à leurs postes.
L’assainissement du corps de la magistrature a été décidé en conseil de gouvernement du temps du président Houari Boumediène, à travers la circulaire 640 du 24 octobre 1978. Mais depuis, les magistrats n’ont pas été inquiétés. Si certains sont morts, d’autres ont été désignés à des postes honorifiques.
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