Ce sont des députés du FLN qui ont remis le sujet au goût du jour. Et ils ont bien choisi le moment : la période estivale.
Le Club des Pins est fermé depuis 1994 et réservé essentiellement aux commis de l’Etat, à la nomenklatura du système, à sa cour. Cela fait 21 ans déjà.
C’est-à-dire que ceux qui sont nés cette année-là, sauf la progéniture des tenants du pouvoir et leurs proches, n’ont jamais pu accéder à ce territoire interdit, ultrasécurisé, où les privilégiés du système ont élu domicile dans des résidences loin du brouhaha et de la promiscuité des quartiers de la capitale, avec une plage rien qu’à eux.
Les Algériens ont presque oublié que ce périmètre, érigé en «zone verte», faisait partie de leur territoire. Mais ils n’en font pas leur préoccupation. Pour les gens du système, c’en est effectivement une.
Le site revient au-devant de l’actualité à chaque fois qu’un enfant du système commet une «insoumission», une insubordination ou une méprise. L’on apprend ainsi que tel ou tel a été dégagé du Club.
L’éjection de ce camp retranché sur 3 kilomètres est vécue comme une humiliation, une ultime réprimande que le pouvoir inflige à ceux qui ne le servent plus ou qui n’ont plus de poids, pour faire place à de nouveaux déparqués. L’opinion se rappelle bien de ces anciens ministres et autres cadres de l’Etat, sommés, à la fin des années 1980, de quitter leurs résidences, et qui les ont saccagés avant de partir.
Dans les années 1990, dans une Algérie secouée par le terrorisme, le Club des Pins était devenu un refuge, une zone ultrasécurisée où se sont côtoyés le personnel du pouvoir et de l’opposition. Selon des sources dignes de foi, de hauts responsables de l’Etat ont même pu s’approprier certaines villas.
Devenu exigu pour une clientèle de plus en plus nombreuse, en arrivant au pouvoir en 1999, le président Bouteflika y a construit une nouvelle annexe de résidences de luxe, dont quelques-unes ont déjà été attribuées aussi bien à d’anciens hauts responsables qu’à ceux qui sont toujours en fonction.
D’autres projets ont vu également le jour dans cette zone gérée directement par le Premier ministère, à travers l’entreprise publique Résidence d’Etat du Sahel.
En plus du Palais des nations qui abrite les grandes manifestations officielles, le gouvernement a décidé la réalisation, à coups de millions d’euros, d’un centre international de conférences d’une superficie de 270 000 m2 et d’une capacité de 6000 places. Beaucoup d’argent est investi dans cette zone toujours interdite au commun des Algériens.
Changera-t-elle de statut un jour ou restera-t-elle ce bunker où se terrent les tenants du pouvoir et leurs familles, à des années-lumière des réalités du pays et de ses tracasseries ? Quid de sa réputation ? Le Club des Pins a souvent fait étalage des excès et de l’extravagance de la progéniture de certains responsables et dégagé des relents nauséabonds d’une certaine délinquance en col blanc.
Certains épisodes des feuilletons des scandales de corruption que la justice a eu à traiter dernièrement, comme l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, s’y sont déroulés.
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