Une première. La famille du général-major Djamel Kehal Medjdoub, relevé de ses fonctions de patron de la sécurité présidentielle (DGSPP), réagit publiquement pour défendre «l’honneur» d’un soldat visiblement touché dans son amour-propre.
Si la famille a éprouvé un sentiment d’«humiliation» en raison des «amalgames» et des «négligences ou incompétences» prêtées à l’officier, la sortie révèle tout de même l’incompréhension de la décision d’envoyer à la retraite un homme qui s’estime en mesure de «servir son pays». La femme du désormais ex-patron de la DGSPP a eu un malaise en apprenant en direct sur une chaîne de télévision privée l’information du limogeage pour «négligence».
Pour elle, son mari ne devrait pas être «récompensé» de la sorte après 48 ans de loyaux services. La manière avec laquelle a été mis fin à ses fonctions «n’honore ni la fonction, ni le grade, ni même l’institution présidentielle», regrette-t-on dans son entourage.
La teneur de la lettre de la famille révélant le parcours du général, notamment ses missions à l’étranger dans des zones difficiles, renseigne sur l’amertume d’une carrière qui se termine dans l’ingratitude. Vraisemblablement, le message est «destiné ailleurs», comme une riposte.
Originaire d’El Milia (Eest du pays), d’une famille de maquisards, Djamel Kehal Medjdoub s’est engagé jeune dans l’armée, abandonnant sa tenue de footballeur (ancien joueur à l’USMH). Et c’est dans le Renseignement qui fait ses classes.
Homme des missions délicates sur des terrains explosifs comme à Peshawar, à Téhéran, au Liban, à Damas, à Sanaa, à Karachi, il s’est révélé d’une «redoutable efficacité» et s’est fait une réputation au sein du Département du renseignement et de la sécurité.
Pur produit de deux écoles réputées pour leur «implacable rigueur militaire» mais que tout sépare, Saint Cyr et le KGB, il est la synthèse de deux cultures de Renseignement distinctes, aux doctrines militaires opposées, comme beaucoup de chefs militaires de sa génération. Il avait le grade de colonel quand il a été nommé à la tête de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle, en 2005.
C’est le patron du Département du renseignement et de sécurité, Mohamed Mediène, qui l’a rappelé de Paris où il était en poste pour rentrer à Alger et s’occuper de la sécurité du président de la République.
Durant dix ans, il était l’ange gardien de Bouteflika auquel il a voué une loyauté sans faille. Mais pourquoi alors le chef d’Etat a décidé de séparer de lui ? Sa famille récuse la thèse d’une «négligence» dont il se serait coupable.
Ce qui s’est passé à Zeralda la veille de l’Aïd serait une occasion inespérée pour ses «adversaires» de le «liquider» ? Une décennie à la tête d’un poste sensible où il a «innové» en matière d’organisation et de fonctionnement du service pour plus d’efficacité, d’autant que le chef de l’Etat a été la cible d’un attentat à Batna en 2005.
Le général-protecteur aurait suscité, dans l’exercice de sa mission, des «colères» dans l’entourage immédiat du Président. S’il était d’une loyauté infaillible vis-à-vis du chef de l’Etat, il l’était tout autant à l’égard du chef du DRS.
Entre les deux hommes, «il n’y a pas qu’une relation organique, mais une amitié solide», témoigne un proche du général-major. Une amitié qui dérange ? Vraisemblablement, particulièrement en ces temps d’incertitudes politiques, où la guerre des positions dans le sérail fait rage. Un équilibre de entre les différents groupes influents.
Le patron de la sécurité présidentielle se savait sur le départ depuis un bon moment déjà, alors qu’il voulait continuer. Des sources assurent qu’entre le général-major et le frère cadet du Président, «la tension ne faisait plus mystère». Bouteflika, qui avait déclaré un jour qu’il maîtrisait «l’art de l’embuscade», a prouvé en tout cas sa redoutable efficacité.
Et le général-major Djamel Kehal Medjdoub l’a appris à ses dépens. Il en a pris pour son grade après une décennie de bons et loyaux services pour le Président dont il était le parfait ange gardien, confient ceux qui le connaissent. Un «hommage» très singulier…
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