Pour justifier les retards enregistrés dans la livraison d’un gigantesque projet pour lequel les pouvoirs publics ont injecté 1,2 milliard de dollars, les justificatifs des responsables de l’Agence nationale des barrages (ANB) n’ont pas échappé à la furie du ministre de l’Environnement et des Ressources en eau, Abdelouahab Nouri.
L’ANB est le maître d’ouvrage des «grands transferts» devant permettre le transfert de millions de mètres cubes destinés à l’alimentation en eau potable d’une population de plus d’un million d’habitants, ainsi que l’irrigation de 40 000 hectares des terres agricoles des hautes plaines sétifiennes. Le ministre a non seulement coupé court à l’exposé, mais sommé ses interlocuteurs à rectifier le tir : «Je constate qu’après 12 ou 13 ans, les choses n’ont pas évolué. Je ne viens pas pour faire du tourisme, mais pour mettre un terme au laxisme du maître d’ouvrage qui continue à tourner en rond.
J’exige une expertise précise et concise de toute l’opération, marché par marché», fulmine le ministre à l’adresse de ses collaborateurs. Ayant voulu camoufler les innombrables ratages d’un projet à la traîne, ces derniers n’ont pu convaincre l’ex-wali (Nouri s’entend) de Sétif où il a laissé ses empreintes : «Je ne veux plus entendre les histoires de glissement de terrain, de problèmes de tunnels ou autres. Je ne veux plus voir ces entreprises défaillantes. Que chacun assume ses responsabilités.
Ce n’est pas sérieux. On n’a pas le droit de laisser les choses traîner pour une aussi grande wilaya qui doit encore attendre pour étancher sa soif. Dire que les pouvoirs publics n’ont pas lésiné», tonne Nouri, pas du tout convaincu par l’exposé d’un cadre de l’ANB ayant promis de livrer la partie ouest du projet (barrage de Maouane) en avril 2016. Connaissant les dessous minant le projet, le ministre est resté de marbre devant le taux théorique d’avancement des travaux de l’ordre de 62%. Pour ne pas subir, une fois de plus, les foudres de son ministre, l’intervenant a implicitement «zappé» la partie raccordement et installation de la station de traitement des eaux.
D’après un initié, une telle opération ne sera achevée qu’en 2018, soit 9 ans après le lancement des travaux en 2009. Selon un autre initié présent sur les lieux, le message du ministre est adressé à l’entreprise en charge du projet. D’après notre interlocuteur, le patron de la société, qui a ses entrées à Alger, n’a pas jugé utile de rencontrer Nouri à Maouane (localité située à 20 km au nord-ouest de Sétif). Pour étancher leur soif, les Sétifiens devront donc prendre leur mal en patience.
Notons, à toutes fins utiles, que ce système consiste, d’une part, à transférer un volume de 120 millions de mètres cubes du barrage de Tghil Emda (Béjaïa) vers le barrage de Maouane, et, de l’autre, 309 millions de mètres cubes à partir des barrages d’Erraguene et Tabellout vers le barrage de Draâ Diss. Faute d’une étude fiable et d’un suivi rigoureux, le projet qui devait être livré, selon l’ex-ministre des Ressources en eau, à savoir Abdelmalek Sellal en 2012, ne voit pas, six ans après, le bout du tunnel…
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