jeudi 30 juillet 2015

«On veut déstabiliser l’armée»

Où est l’Etat ? Qui décide en Algérie  ? Qui fait quoi dans notre pays  ? Pourquoi opérer des changements en ce moment et en catimini ?»
L’auteur de ces interrogations est Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, qui désapprouve, dans la forme, les derniers changements opérés tant au niveau de la hiérarchie militaire qu’au sein du gouvernement et dans le corps des walis.

Lors d’une conférence de presse animée hier au siège de son parti, Mme Hanoune a qualifié d’«incompréhensible et intrigant la manière avec laquelle des anciens professionnels de l’institution militaire ont été écartés».

Elle pointe du doigt, encore une fois, la défaillance de la communication officielle. «Certes, le Président a le droit d’user de ses prérogatives, mais la forme est importante.

Pourquoi le flou ? Nous avons eu droit à un lot de rumeurs, à des supputations. Personne n’a rien compris à ce qui s’est passé. Y a-t-il eu un incident ou pas», s’est-elle interrogée, en relevant le caractère «grave» de la situation.

Cette incompréhension et cette cacophonie peuvent, selon elle, déstabiliser l’institution militaire et par ricochet l’Etat, dès lors que  l’armée est sa colonne vertébrale. «Nous ne comprenons pas l’attitude du pouvoir : d’un côté, il ne communique pas, de l’autre, il distille des bribes d’informations dans la presse.

Ces changements au sein de l’armée relèvent du secret d’Etat. Il ne fallait pas opérer une fuite des informations et livrer en pâture de hauts responsables militaires sans aucune explication», pense Mme Hanoune, estimant que cette façon de faire crée un malaise, porte atteinte au moral des troupes et fragilise davantage le pays.

L’oratrice est persuadée que ces changements rendront le climat politique plein d’incertitudes. La patronne du PT a avoué avoir demandé audience en janvier dernier au président Bouteflika pour discuter de toutes les questions d’actualité, mais sa lettre n’a pas reçu de réponse à ce jour. L’autre changement au sein du gouvernement qui a suscité des interrogations au PT est le limogeage de Amara Benyounès.

La secrétaire générale du PT défend le désormais ex-ministre du Commerce et estime qu’il est victime de son courage et de ses décisions fermes.

Benyounès limogé par les lobbies

«Qui a limogé Benyounès», s’est interrogée Mme Hanoune, avant de répondre : ce sont «les barons de l’import, les affairistes et l’oligarchie qui sont derrière son limogeage». «Ces personnes sont au centre des décisions et ont le pouvoir de nommer et de dégommer des ministres», s’exclame-t-elle.

Et d’expliquer : «Benyounès a touché à de gros intérêts, il a découvert le pot aux roses en s’attaquant aux dossiers des surfacturations, du transfert de devises vers l’étranger, des licences d’importation ; il a parlé des concessionnaires et a réussi à diminuer la facture des importations de deux milliards de dollars, ce qui a déplu aux barons de l’import».

Abordant la loi de finances complémentaire, Mme  Hanoune contredit le Premier ministre, estimant que «la LFC renferme des mesures d’austérité telles que l’élargissement de la taxe sur l’habitation, alors que la disposition portant sur la bancarisation des capitaux illicites est une manière d’encourager l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent».

Par ailleurs, comme à chacune de ses sorties, l’oratrice n’a pas ménagé le président du FCE : «Que Haddad soit reçu comme président du FCE par le Premier ministre, nous n’avons rien à dire, mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il se comporte comme un responsable politique, un chef d’Etat, et propose un projet politique et de société», estimant qu’il a «présenté un plan d’action» du gouvernement. «Haddad veut transformer l’Etat algérien issu de l’indépendance.

En appelant à la suppression des subventions, il veut changer la nature de l’Etat algérien. C’est pour nous une remise en cause d’un acquis fondamental de la Révolution algérienne, à savoir l’Etat social», déplore-t-elle.

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