mercredi 29 juillet 2015

Près de 900 agences bancaires mobilisées

Le ministre des Finances a assuré hier que l’Etat s’est donné les moyens d’exclure de l’opération de bancarisation les fonds liés, entre autres, au crime organisé et au terrorisme.
Dans sa quête de bancariser l’argent des circuits informels, le gouvernement tend la main aux fortunes qui prospéraient jusqu’ici illégalement dans les sous-sols de l’économie. La loi de finances complémentaire 2015, dont le texte final a été publié lundi au Journal officiel, a institué une batterie de mesures d’«inclusion financière» qui vise à ouvrir, dès le 15 août prochain, la porte des banques à tous les acteurs et les capitaux de la sphère informelle.

Une condition, «Les capitaux doivent être sains, gagnés à la sueur des uns et des autres, mais qui, pour des raisons procédurales et/ou conjoncturelles, ne circulent pas suffisamment dans la sphère bancaire», a précisé le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, invité hier de la Radio algérienne (Chaîne III). Il est clair que les dispositions de la LFC 2015 excluent de l’opération tous les fonds d’origine douteuse, liés au crime organisé et au terrorisme.

Pour ceux dont l’activité flirtait avec l’évasion fiscale, la bancarisation de leur fortune exige une mise en conformité avec la législation fiscale à travers le paiement d’une taxe forfaitaire de 7% du montant déposé. «C’est une mise en conformité fiscale volontaire», explique Abderrahmane Benkhalfa. Si sur le plan fiscal les mesures portent à la fois sur une régularisation de la situation de certains mauvais contribuables et leur inclusion financière, sur le plan procédural, «nous avons veillé à ce qu’il n’y ait aucun inconvénient», rassure le ministre des Finances.

Pour ce faire, il a indiqué que 800 à 900 agences bancaires, sur 1500 existantes, seront mobilisées à cet effet. «Un conseiller au niveau de chaque agence est mis à l’écoute de ces gens-là». Mieux encore, le ministre des Finances promet à cette catégorie que «le secret bancaire et fiscal sera parfaitement préservé». Les équipes techniques qui seront mises en place au niveau des banques devraient commencer à travailler dès le 15 août prochain.

1300 milliards de dinars concernés

Mais des réunions de coordination, de sensibilisation et d’information s’enchaînent d’ores et déjà entre les différentes institutions concernées, supervisées par le ministère des Finances. Abderrahmane Benkhalfa estime entre 1000 et 1300 milliards de dinars le potentiel à mobiliser. «C’est un potentiel qui a été évalué par la Banque d’Algérie à partir de la masse monétaire existante.

Les 3700 milliards de dinars est un chiffre agrandi», précise-t-il. S’il est vrai que les mesures de la LFC 2015 concernent les capitaux qui sont en Algérie, le premier argentier du pays reconnaît, néanmoins, l’existence de fortunes à l’étranger, lesquels fonds sont mobilisables, selon lui, à travers les comptes devises en application de la réglementation en vigueur.

A ces «brebis égarées», le gouvernement entend offrir deux garanties : «Le pays dispose d’un système bancaire qui est le plus sécurisé de la région ; les capitaux propres de nos banques sont les plus élevés, de l’avis même de la Banque d’Algérie.» Plus concrètement, ces mesures servent à «sécuriser ces fonds et leurs détenteurs, faire circuler cet argent dans l’intérêt de l’investissement et de l’économie. Chemin faisant, nous allons réduire le fossé entre l’économie visible et l’économie invisible (informelle)», a dit le ministre des Finances.

A une question qui invoque le marché informel des devises, le ministre reconnaît que le «problème est beaucoup plus profond» auquel des mesures économiques sont nécessaires, dont le renforcement de la valeur du dinar à travers la compétitivité de l’économie algérienne. Selon lui, la valeur du dinar va se renforcer lorsque l’économie sera compétitive. «Elle (la valeur) n’est donc pas uniquement le résultat d’un calcul de la Banque d’Algérie».

Dans cette nouvelle ambiance de politique économique, le but recherché est «de passer du développement à la croissance, du budget au marché, d’une prospérité sociale à une efficience économique», explique Abderrahmane Benkhalfa, qui conclut que le pays est devant l’impératif de mettre l’économie sur la voie de rigueur et de l’efficience.

 

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