mardi 1 décembre 2015

«L’Etat doit créer un écosystème économique de sous-traitance»

- Comment évaluez-vous les résultats des dispositifs d’aide à la création d’entreprises en Algérie ? D’emblée, on ne peut pas avoir une évaluation pertinente des résultats des différents dispositifs d’aide à la création d’entreprises en Algérie, et ce, en raison de l’absence de statistiques fiables concernant, notamment, le taux de mortalité d’entreprises naissantes et celles qui se retrouvent en difficulté financière. Aussi, il faut savoir que même les banques qui participent au financement de ces dispositifs de création des TPE (très petite entreprise) et PME (petite et moyenne entreprise) communiquent très peu sur le niveau d’endettement, de solvabilité et de rentabilité de ces dernières. Cela dit, les banques semblent hésitantes par rapport à l’évaluation objective du financement de ces dispositifs du fait qu’elles s’inscrivent, elles aussi, dans le cadre de la politique préconisée par le gouvernement. Pourtant, il est plus que jamais nécessaire de faire une évaluation réelle de cette politique de création d’entreprises et d’emploi. Il ne suffit pas, en effet, de faire avancer une allocation financière de l’Etat qui avoisine les 3 milliards de dollars, consacrée aux différents dispositifs, et la création d’environ 700 000 emplois pour considérer que les objectifs assignés sont atteints. - Peut-on connaître les raisons de cette situation ? Il faut savoir qu’il existe plusieurs raisons directement liées au financement des différents dispositifs où l’on relève un certain nombre de défaillances dans l’accompagnement et la vulgarisation de la culture entrepreneuriale et managériale. Les dispositifs sont limités à l’allocation financière sans aucune réelle étude d’opportunité du projet et de son impact sur l’environnement socioéconomique. C’est pour cela que ces dispositifs ne sont pas dissociables du système économique global d’allocation rentière qu’a connu l’Algérie durant la période de l’aisance financière, notamment suite à l’augmentation des ressources générées par l’exportation d’hydrocarbures. Aussi, il faut souligner que les porteurs de projet sont plus attirés par les activités de services et de bâtiment que par des activités innovantes susceptibles de leur donner des avantages en termes de croissance de l’entreprise ou de réalisation de chiffre d’affaires. On peut dire qu’ils sont piégés par la politique économique rentière du pays au point où l’effacement de la dette des agriculteurs a donné même espoir à ces jeunes de voir leurs crédits épongés par l’Etat. Ainsi, par voie de conséquence, ces porteurs de projet  attendent beaucoup plus l’effacement que le remboursement de la dette, surtout avec les multiples promesses électorales des décideurs. - Que préconisez-vous comme solution ? Il s’agit de créer un écosystème économique donnant des avantages d’intégration et de sous-traitance à ces entreprises dans le cadre du développement économique sectoriel et dans la stratégie d’encouragement qu’envisage le ministère de l’Industrie. Une première expérience avec le ministère de la Poste et des TIC commence à se matérialiser par le développement d’une sous-traitance qui intervient dans la mise en place et l’entretien des infrastructures des TIC. Il est nécessaire aussi de bannir la politique des avantages directs, comme l’effacement des dettes, qui s’inscrivt dans les solutions d’urgence et la distribution sans contrepartie des avantages. Il faut mettre en place une politique de création d’entreprise territoriale et prendre en considération les systèmes productifs locaux.      

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