Avec la disparition de Hocine Aït Ahmed, c’est à la fois un acteur et un stratège militaire et diplomatique du Mouvement de libération nationale algérien qui vient de nous quitter. On reviendra certainement sur plusieurs aspects de ses contributions. Sans minimiser son action opiniâtre en faveur d’un système politique démocratique après l’indépendance du pays, ni tout ce qu’il a enduré pour faire prévaloir son idéal, je ne soulignerai ici que ses contributions au Mouvement national sur les plans militaire et diplomatique. Né en 1926, militant du Parti du peuple algérien (PPA) alors qu’il était élève au lycée de Ben Aknoun (Alger), il devient rapidement membre du comité central puis membre du bureau politique de ce parti. En 1947, à 21 ans, il est l’auteur du fameux rapport adressé aux instances dirigeantes du Mouvement national pour préconiser les principes, la stratégie et les modalités de la lutte armée afin d’organiser le combat contre l’occupation coloniale. Nommé chef d’état-major de l’ Organisation spéciale (OS, organisation paramilitaire créée par le PPA) après le décès de Mohamed Belouizdad dont il était au départ l’adjoint, il est à ce titre le premier inspirateur et organisateur sur le terrain des premiers groupes et sections militaires dans différentes régions du pays, préparant la lutte armée qui sera conduite ensuite par le FLN à partir du 1er Novembre 1954. L’apport de Hocine Aït Ahmed à la définition de la stratégie et de l’action diplomatique du Front de libération nationale est encore plus connu. Ce n’est pas un de ses moindres mérites, cet ancien responsable militaire du Mouvement national a plaidé pour la nécessité d’une action diplomatique forte, indispensable pour compléter la lutte armée. Il en a défini la stratégie et les premiers principes tout en cherchant à les appliquer sur le terrain, par exemple en impulsant l’ouverture de plusieurs représentations diplomatiques du FLN, notamment celle de New York afin de faire connaître et conforter la lutte de Libération nationale sur le plan international, particulièrement auprès des Nations unies et de nombreux pays. Il a été un inspirateur réfléchi et un acteur déterminé de l’action diplomatique du FLN, notamment à la Conférence internationale de Bandung où il a représenté le FLN. On le sait moins, il a même préconisé, dans un long rapport adressé au Comité de coordination et d’action (CCA), la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). C’est un immense acteur et un grand stratège du Mouvement national qui vient de nous quitter.
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