mardi 23 février 2016

«Le massacre de Raïs est lié à une affaire d’argent»

Dans son édition d’hier, le quotidien Le Soir d’Algérie a fait parler le général à la retraite Abderrezak Maïza. Celui qui a joué un rôle dans la lutte antiterroriste durant la décennie noire revient sur certains événements sanglants qu’a connus l’Algérie. Cette interview n’est pas anodine. Elle intervient alors que la scène médiatique assiste à un déballage entre anciens hauts responsables en poste à l’époque, s’accusant mutuellement d’être à l’origine de la crise qu’a traversée le pays. Elle a lieu également alors que d’anciens opposants en exil ont attaqué frontalement dans la presse des chefs militaires dès leur retour en Algérie. C’est le cas de l’ancien Premier ministre, Abdelhamid Brahimi, qui, sur la chaîne TV Ennahar, s’en est pris au général à la retraite Khaled Nezzar et à l’ancien patron du DRS, le général Toufik. Le premier était accusé d’être un «soldat de l’armée française», alors que le second aurait passé la guerre de Libération nationale à «éplucher des patates». Mais cet entretien permet, par ailleurs, d’allumer un contre-feu au moment où les partisans du «qui tue qui ?» reviennent à la charge accusant les responsables militaires d’avoir commandité des massacres de populations. C’est dans ce contexte que le général à la retraite et bras droit du général Ali Fodhil, chef de la 1re Région militaire, est revenu sur le massacre de Raïs, perpétré en 1997 et qui a fait des centaines de morts. Pour Maïza, le massacre est lié à une affaire d’argent. «Prenez l’exemple de ce qui s’est passé à Raïs. Tous les morts qu’il y a eus sont des membres de familles de groupes terroristes. A l’époque, le chef terroriste Djebaïli avait distribué de l’argent à toutes ces personnes qui ont investi notamment dans le transport, les fameux minibus qui apparaissaient un peu partout. Après sa mort, Zouabri a nommé le fameux ‘‘Japonais’’ et lui a demandé de récupérer l’argent qu’il avait été prêté aux familles. Ces dernières ont refusé, une expédition punitive avait été menée», affirme le général à la retraite. Pour appuyer ses propos, le général Maïza révèle que l’armée avait retrouvé le registre sur lequel étaient inscrits les noms de toutes ces familles qui devaient de l’argent au Groupe islamique armé (GIA). «Nous avions d’ailleurs retrouvé le registre qui comportait les noms de toutes les personnes concernées et ce sont elles qui ont été tuées. C’était incroyable. Les maisons ciblées étaient séparées par celles de citoyens non concernés et je vous assure que ceux-là n’ont pas été touchés.» Au sujet de la restructuration du DRS, le général Maïza juge celle-ci nécessaire. «Cette restructuration était attendue depuis longtemps. L’armée cherchait à se professionnaliser et on avait donc établi un dossier. Les services de sécurité devaient changer», déclare-t-il tout en regrettant à demi-mot la manière avec laquelle l’ancien patron des Services de renseignement a été limogé. «L’homme qui a été mis à la porte dans le cadre de cette restructuration, quoi que l’on puisse dire à son sujet, a œuvré au maintien de la République. Pour des raisons politiques, il a été mis à la porte, mais il n’en demeure pas moins qu’il a travaillé pour son pays», juge M. Maïza qui estime que si le terrorisme a été vaincu, l’intégrisme reste présent. «L’intégrisme a pignon sur rue. Il représente encore un mouvement idéologique et politique qui cherche à installer un califat en Algérie. Mais le terrorisme en tant que tel n’existe plus.»

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