mercredi 24 février 2016

L’hégémonie par les chiffres

Combien «pèse», aujourd’hui, l’UGTA ? Le dernier recensement fait par la centrale syndicale «a enregistré quelque 1,8 million d’adhérents», avance ainsi Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération textiles et cuirs. L’UGTA jouit ainsi de structures horizontales et verticales. «Les structures horizontales sont contrôlées par des instances locales et des wilayas régions. Quant aux structures verticales, contrôlées par le conseil du syndicat d’entreprise, le conseil du syndicat national et la commission exécutive de la fédération, elles sont en charge de négocier au sein d’un secteur donné», explique-t-on. Ce sont ainsi 31 fédérations sectorielles qui sont affiliées à l’UGTA. «Il s’agit surtout des administrations et de la Fonction publique, de la santé et de l’éducation, des services, comme la  poste, ainsi que les fédérations industrielles, l’agroalimentaire, le bâtiment ou encore les textiles et cuirs», énumère M. Takjout. D’ailleurs, le taux de syndicalisation est réputé être plus élevé dans le secteur de l’industrie, privé et public, où ce sont quelque 600 000 à 700 000 adhérents UGTA qui sont recensés. Pourtant, hormis dans ce secteur économique, ces dernières années ont surtout été rythmées par les mouvements de protestation d’autres partenaires sociaux, parfois non reconnus, les syndicats autonomes. Quel a été leur impact sur l’adhésion, ou non, à l’UGTA ? En l’absence de données quant au taux de syndicalisation dans les administrations et les entreprises, le ministère du Travail étant injoignable, il n’est pas aisé de quantifier les «parts de marché» de tout un chacun. «On ne peut concrètement pas savoir si l’émergence des syndicats autonomes a eu un effet sur l’UGTA et sur la syndicalisation, qu’elle soit en faveur de l’UGTA ou non», explique M. Takjout. D’autant plus que la plupart des syndicats autonomes, les plus actifs, ont été créés par des «transfuges» de la centrale syndicale, même si ces formations demeurent corporatistes et circonscrites à des groupes restreints de corps de métiers. Et s’il est vrai que dans certains secteurs, comme c’est le cas dans l’éducation ou la santé, les syndicats autonomes sont majoritaires, il est pour l’heure impossible d’en faire une règle générale ou un «schéma global» de la cartographie syndicale. «Une centrale syndicale autonome est inexistante. Et tant que les syndicats autonomes ne s’organisent pas en confédération, il est impossible de savoir qui est dominant et quel est le poids et l’impact de chaque entité», ajoute Amar Takjout. Toutefois, selon Nacer Djabi, chercheur au Cread, spécialiste du syndicalisme, le poids d’un syndicat ne peut plus, aujourd’hui, être mesuré à l’aune du nombre d’adhérents dont il se targue. «Il n’est pas important de quantifier ces adhésions. Nous sommes face à une configuration nouvelle et de nouveaux phénomènes», explique-t-il. Et la force d’un syndicat s’apprécie par sa présence sur le terrain, par la mobilisation autour de ses mots d’ordre ou encore sa capacité à faire bouger les choses et satisfaire ses revendications.

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