mercredi 4 mai 2016

«La situation de la presse est tragique»

La situation de la presse pour l’année 2016 est jugée «tragique» par le réseau Initiative nationale pour la dignité du journaliste, qui cite de nombreuses «atteintes et agressions» contre les journalistes. Dans son dernier rapport, publié hier à l’occasion de la Journée internationale de la presse, ce réseau dresse un tableau noir… Le réseau Initiative nationale pour la dignité des journalistes évoque, dans son dernier rapport sur la situation de la presse pour 2016, la «tragédie et le début de l’effondrement réel de l’espoir et de l’ambition des professionnels des médias en raison des problèmes socioprofessionnels auxquels ils sont confrontés». Dans ce climat «assez difficile», les auteurs du rapport mettent l’accent sur «la nécessité d’assurer un minimum de conditions de vie décente aux journalistes qui vivent toute forme d’exclusion et de ségrégation, aggravées lorsque le gouvernement a décidé de privilégier le secteur public qui a bénéficié de nouveaux salaires et d’avantages». Ils disent «ne pas être «contre la réorganisation du secteur», mais «il faut que celle-ci soit faite objectivement, de manière à ce que les journalistes soient au centre de toutes les réformes étant donné qu’ils sont le maillon essentiel dans l’œuvre médiatique». Le réseau estime «extrêmement inquiétante» la situation à laquelle est arrivée la profession, à travers les nombreux cas «d’agression et d’atteinte exercées par des agents et des fonctionnaires de l’administration contre les journalistes en exercice de leur fonction». Ces cas «ne sont pas isolés», affirme le réseau, puisqu’«au sein même du Parlement, des journalistes sont chassés et humiliés par une chargée de la communication au moment où le gouvernement s’attelle à promouvoir la communication institutionnelle». De ce fait, le réseau met en garde contre le «danger de la régression des acquis», précisant que «l’environnement dans lequel exercent les professionnels augure d’une aggravation de la situation», rappelant qu’«il n’y aura point d’avancée du pays si la presse aussi bien publique que privée reste l’otage des crises sociales qui frappent de plein fouet les journalistes et autres catégories professionnelles des médias». Pour le réseau, évoquer la liberté de la presse en cette journée du 3 mai n’est plus une priorité pour les journalistes, «soumis à des pressions énormes et des abus. Leur priorité est d’assurer un gagne-pain. Il nous a été difficile de faire un état de la situation (…) et d’évaluer cette lutte de la presse algérienne pour l’existence (…) Et alors que l’épée de l’austérité continue d’être brandie par le gouvernement et de faire couler beaucoup d’encre des plumes de journalistes, voilà que nous apprenons la suspension des salaires, la mise au chômage et la fermeture d’entreprises de presse au prétexte de la rareté de la publicité. Une situation qui inquiète les journalistes, réduisant leur motivation et poussant bon nombre d’entre eux à quitter la profession». Abordant la question de la loi sur l’information promulguée en 2012, le réseau note que «l’attente des procédures d’application de ce texte, qui préserve les intérêts des journalistes et renforce leur professionnalisme, n’a que trop duré (…) Tout comme d’ailleurs la mise en place de l’autorité de régulation de la presse écrite, du conseil d’éthique, de l’autorité de l’audiovisuel, du statut du journaliste et des conventions collectives qui préservent leurs droits socioprofessionnels». Les rédacteurs du rapport constatent «le non-achèvement du cadre légal régulant la publicité et l’absence d’équité en matière de chances de création et de promotion d’entreprises de presse professionnelles, puisque sur une manne publicitaire annuelle de 200 millions de dollars (20 milliards de dinars) ne parviennent aux journalistes que moins de 5% représentant des salaires dérisoires». Le réseau estime par ailleurs que «la carte professionnelle délivrée par les autorités n’est malheureusement pas accompagnée d’avantages, puisque des dizaines de détenteurs se sont retrouvés sans emploi et sommés à l’errance en l’absence de solutions concrètes aux problèmes liés à la fermeture des entreprises de presse qui n’ont pas de poids médiatique». Ce rapport dresse donc un tableau noir de la situation de la presse algérienne pour l’année 2016, qui visiblement n’a pas changé par rapport à celle de 2015, selon les membres du réseau Initiative pour la dignité des journalistes. Lancé en 2011, ce réseau a drainé des dizaines de journalistes, notamment de la presse arabophone, publique et privée.  

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