vendredi 1 juillet 2016

Adoption de la loi électotale : L’exclusion

La loi sur le régime électoral et celle sur la haute instance indépendante de surveillance des élections ont été  adoptées hier à l’Assemblée populaire nationale (APN) en présence du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, et la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Ghalia Eddalia. La loi sur le régime électoral qui a pourtant suscité une grande polémique et le boycott au vote de quelques groupes parlementaires des partis d’opposition, à savoir AAV, FFS et PJD, est finalement adoptée. Les députés du PT ont proposé la majorité des amendements, mais leurs  tentatives «désespérées» n’ont pas été soutenues par le reste des députés  représentant la majorité. Le groupe parlementaire du FLN a «taclé» les autres groupes, car «le chef du groupe FLN, Mohamed Djemaï, a promis que les députés vont rejoindre l’initiative de l’opposition et demander la suppression des deux articles 73 et 91», explique le président du groupe  Adala, Lakhdar Benkhellaf, qui se demande qui a donné l’ordre en dernière minute aux députés de faire machine arrière. Mais pour M. Djemaï, l’explication est tout autre : «On s’est vraiment engagés avec les autres partis, mais en dernière minute, c’est la majorité au sein du parti qui l’a emporté. Nous avons effectivement proposé un amendement, mais par la suite, c’est la majorité des députés qui ont voté contre.» Ainsi les portes sont grandes ouvertes devant les partis du pouvoir tandis que le champ politique des partis de l’opposition va rétrécir, car  l’article 73 exige au moins 4% des suffrages lors des précédentes échéances pour l’admission du dossier de candidature aux élections. Exclusion Chafaa Bouaïche, chef du groupe FFS,  explique : «Les députés de notre parti ont boycotté les séances d’adoption de la nouvelle Constitution. Nous boycotterons aussi toutes les lois organiques émanant de cette Constitution.» Et de préciser que «la programmation de plusieurs projets de loi en un laps de temps ne permet en aucun cas aux députés d’examiner les projets de lois importants pour l’avenir du pays». Le gouvernement cherche à travers cette loi à «exclure les partis politiques en les empêchant de participer aux élections par l’article 73, alors qu’il revient au peuple de choisir le parti qu’il veut et non au ministère de l’Intérieur», conclut le chef du groupe parlementaire du FFS. Même avis du côté de l’Alliance de l’Algérie verte. «On assiste aujourd’hui au rétrécissement des libertés dans tous les domaines. Après les attaques virulentes contre les médias, c’est au tour des partis politiques qui osent s’opposer au gouvernement de subir le même sort, c’est presque le retour du parti unique», s’inquiète notre interlocuteur. La députée du Parti des travailleurs (PT), Nadia Chouitem, a plaidé pour le vote par procuration des militaires et des corps de sécurité et  agents de la Protection civile, mais toutes ses tentatives n’ont pas eu d’appui, sauf celui de ses camarades qui sont une minorité. Elle a avancé cette proposition : «Les militaires doivent être inscrits au niveau de leur lieu de résidence et non leur lieu de travail, sinon leurs responsables utiliseront leurs voix, comme ils le souhaitent, sans qu’ils s’en rendent compte, ou à défaut de manifester leur opposition» et cite comme exemple «la wilaya de Tindouf où le nombre de militaires, policiers, gendarmes et agents de la Protection civile dépasse celui des civils vivant dans cette région». Le ministre de l’Intérieur a animé un point de presse à la fin et s’est montré «heureux». «Pour le gouvernement, c’est une grande avancée démocratique pour le pays ; ainsi, les partis politiques seront appelés à développer leurs activités dans les 1541 communes du pays et non seulement à Alger», a déclaré le ministre. Ainsi, les partis  doivent relever le défi et travailler dur pour développer leurs réseaux dans toutes les régions du pays afin de peser sur l’échiquier politique. Le ministre a annoncé par la même occasion la présentation prochaine de plusieurs projets de loi, notamment celui relatif aux manifestations publiques.

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