vendredi 1 juillet 2016

Le MDS se prépare aux prochaines élections communales

Le coordinateur national du MDS revient sur l’interdiction faite au parti de son congrès. Après deux mois d’attente, le parti a été destinataire, la semaine dernière, d’une réponse du ministère de l’Intérieur. Les choses sont toujours en suspens.  - Vous avez déclaré, dans un communiqué, que votre congrès, qui devait se tenir les 30 avril et 1er mai, a été interdit sur ordre du wali d’Alger. L’interdiction a été maintenue malgré la décision de la cour administrative. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette histoire ? La wilaya nous avait refusé, pour la énième fois, la tenue de notre congrès dans un lieu public et nous avons dû porter le problème devant les tribunaux qui nous ont donné raison. A la wilaya, il n’y avait personne pour nous délivrer ladite autorisation administrative. Les gendarmes présents sur les lieux ont refusé l’exécution de la décision de justice. Alors nous avons tenu notre congrès symboliquement dans la cour où nous avons adopté les résolutions et élu la direction. Nous avons transmis, par la suite, le dossier du congrès, par un huissier, au ministère de l’Intérieur. Et nous avons reçu, le 25 juin, un courrier du même ministère qui demandait un complément d’informations non contenues dans la loi. Donc, les choses ne sont pas encore réglées. - Selon vous, quels sont les motifs de ces blocages ? Le MDS est une force ancienne, ancrée dans la société. Après avoir tourné la page de la crise qui a suivi la disparition du défunt Hachemi Cherif, le MDS a retrouvé sa cohésion et une direction aguerrie aux luttes. Nous avons renouvelé notre ligne et élaboré des propositions conquérantes que nous mettons en pratique aux côtés des gardes communaux, des patriotes, des chômeurs et de nombreuses catégories de la société. Empêcher le MDS de mener ses activités dans la «légalité», comme l’a fait le président FLN de Staoueli, en nous refusant une salle pour animer une conférence, c’est contrarier l’organisation de ces forces et l’émergence d’une alternative. - Que devient le MDS, héritier du PAGS, après le décès du défunt Hachemi Cherif en 2006 et la scission qui a suivi ? Comme je viens de le dire, le MDS en est sorti plus fort. Aux côtés de nos activités inscrites dans notre programme national, nous avons lancé une initiative appelant à un procès international de l’islamisme terroriste. Nous venons de participer à une rencontre de la gauche arabe à Tunis et à la conférence pour la paix et le progrès organisée par le Parti communiste français (PCF) à Paris. Nous cherchons à construire une alternative qui prenne en charge les défis globaux et apporte des réponses à la crise du modèle néolibéral. Enfin, en septembre, nous serons présents à la fête du journal L’Humanité. - Pour le procès dont vous parlez, vous faites certainement référence au «Nuremberg de l’islamisme» que vous avez lancé en mars dernier. Des détails ? L’islamisme politique est la pire épreuve affrontée par notre jeune Etat. Aujourd’hui, tous les Etats de la sphère musulmane et arabe y font face et risquent l’éclatement. Cette idéologie totalitaire met en danger la paix dans le monde. Il faut une réponse planétaire pour libérer nos sociétés d’un lourd fardeau et les ancrer dans la modernité. Mais nous ne pouvons atteindre cet objectif sans une solution du problème palestinien et un véritable plan de reconstruction des pays détruits par cette idéologie. Nous avons donc entamé une campagne internationale en direction de l’opinion publique, des forces politiques et des institutions pour nous mobiliser autour d’un procès international de l’islamisme terroriste. - Le MDS n’est aujourd’hui dans aucune alliance politique. Il ne fait pas partie de la CNTLD. Pourquoi ? Le MDS a une riche culture d’Etat. Il ne croit pas aux alliances contre-nature. Ce qui est proposé par la CNTLD est pire que le mal qu’elle propose de guérir. Une alliance d’assassins des années 1990, de ceux qui ont tué les jeunes du Printemps noir (dont nous commémorons le 15e anniversaire de la marche du 14 juin 2001) et de ceux qui, juste hier, ne juraient que par le système en place. - Peut-on voir un jour une alliance des démocrates ? Le mot démocrate est aujourd’hui galvaudé. Le pouvoir, qui nous empêche de tenir notre congrès, emprisonne des chômeurs ou des journalistes, se dit aussi démocratique. Même les islamistes se définissent ainsi. Notre conception de la démocratie articule démocratie politique et sociale, nationale et internationale. Le MDS participera au rassemblement des citoyens, des patriotes et d’autres organisations qui donnent à la démocratie son sens universel, qui veulent se mettre au service de nos concitoyens et non se servir. Il y travaille patiemment, dans la discrétion et avec le sérieux exigé, loin des effets d’annonce. - Après la chute du pétrole, le plan d’austérité décrété par l’Etat et les conflits au sommet : où se situe le MDS dans tout cela ? Et que propose-t-il pour sortir le pays de cette crise multidimensionnelle ? La chute des prix du pétrole ne peut être ignorée et le MDS n’a cessé d’attirer l’attention sur la gestion catastrophique des deniers publics depuis que les cours ont commencé à remonter en 1999 et quand le mot d’ordre était «enrichissez-vous». L’Algérie a besoin d’un gouvernement du travail, fort, soutenu par la majorité de notre peuple pour aller chercher les biens détournés, les capitaux expatriés et reconstruire notre économie, notamment en reprenant sa souveraineté sur sa monnaie en  la changeant et en taxant tous les fraudeurs à la hauteur exigée. L’Algérie a les moyens de son développement et de quoi garantir une vie digne à chacun(e) pour peu qu’il y ait un gouvernement juste, qui fasse payer ceux qui le doivent et soutienne ceux qui en ont besoin. Un tel gouvernement ne peut être constitué sans le MDS, si ce n’est autour, car telle est notre ambition, et sans les nombreux patriotes authentiques que recèle notre pays. En attendant, nous continuerons à mobiliser la société pour peser dans ce sens. - Après ce dernier remaniement, Abdelmalek Sellal est à son 6e gouvernement. Qu’en pensez-vous ? Le maintien de M. Bouchouareb est un mauvais signal pour ceux qui veulent s’attaquer à la corruption et la fuite des capitaux et surtout pour ceux à qui on demande de serrer la ceinture. Ce n’est pas un gouvernement qui va tourner le dos à une orientation nationale-libérale, alors qu’il faut favoriser l’accumulation au service de l’investissement, bâtir une économie productive qui assure un développement durable. - Après plusieurs années de boycott, allez-vous prendre part aux prochaines échéances électorales (législatives et présidentielle) ? Nous avons refusé de participer à toute élection jouant le devenir du pays et le temps nous a donné raison. Nous observons des évolutions aussi bien dans la société que dans les institutions. Le dernier remaniement du gouvernement confirme certaines de nos analyses qui fondent une éventuelle participation aux prochains scrutins si des accélérations exceptionnelles ne venaient pas tout bouleverser. Avec la défaite de l’islamisme, la faillite du néolibéralisme adossé à la rente et la prise de conscience des citoyen(ne) s de la nécessité du changement, le MDS se prépare aux prochaines élections communales afin de garantir un travail de proximité. C’est ce qui fait peur à ceux qui ont mené le pays à la faillite et qui explique une loi électorale qui empêcherait les partis porteurs de projets politiques (dont le MDS) d’y participer. Face à ces manœuvres qui soulignent à quel point ces forces sont sur la défensive, nous appelons à la mobilisation populaire et à rejoindre les rangs du parti du changement.  

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