Cette information est à prendre avec des pincettes. Ce ratio de 10% sur des créances globales de 40 milliards de dollars dus par le secteur privé, énoncé sur un média numérique (algériepatriotique, ndlr), est aussi faux que le chiffre en question au cours actuel. Les crédits au 31 décembre 2015, tels qu’énoncés par la Banque d’Algérie, la source la plus officielle qui soit, se décomposent comme suit : crédits au secteur privé, 3588 milliards de dinars, soit 35 milliards de dollars, au cours de l’époque, dont : 465 aux ménages, et 1 à l’administration locale, il n’en reste de ce fait que 3130 aux entreprises. Affirmer que le Président veut un recouvrement immédiat de 4400 milliards de dinars est une hérésie, à moins de vouloir couler tout ce qui existe comme industriels privés, surtout si les crédits en question ne sont pas arrivés à échéance. Et affirmer que les banques n’ont pas recouvré plus de 10% de leurs échéances sur un tel montant, c’est tout simplement affirmer que ces banques dont les bilans sont positifs ont délibérément refusé de provisionner des créances compromises, pour ne pas couler leur bilan, et de ce fait que ces créances sont toxiques, et dans ce cas tout le système bancaire est en danger de par ses créances et sa gestion. Concevoir le financement de l’investissement sous l’angle du recouvrement de créances et non sous l’angle de création d’investissements pour le privé appelle le même traitement pour le public, qui, lui, a un encours de 3688 milliards de dinars au 31/12/2015, qui ne seront jamais recouvrés, et après 100 milliards de dollars d’effacements de dettes partis en fumée, pour un emploi qui ne représente pas 10% du privé. Et je ne pense pas que couler le privé fera le bonheur des Algériens, ni même de ceux derrière ces campagnes erratiques. A quoi ces crédits ont-ils servi et pour quels résultats ? Les crédits octroyés au secteur privé, dont les fiables et les non-fiables ont servi à financer les opérations à court terme pour 1700 milliards de dinars, et ceux-là, je doute qu’ils ne soient pas encore récupérés, et aux financement d’investissements à moyen terme, et ceux-là sont tributaires des chiffres d’affaires des investissements créés pour leur recouvrement. Les équipements payés en dollars ne produisent pas de la monnaie, mais de la valeur ajoutée, qui ne peut exister si les banques financent au début tout sans regarder les dossiers, et ensuite les importations plus que la production, en mettant les bâtons dans les roues des opérateurs. On peut dire qu’en comparaison de la valeur de leurs actifs, les privés ont remboursé plus que le public, en générant plus d’actifs en accumulation que lui, malgré la différence de traitement et les obstacles auxquels ils sont soumis. Un crédit à moyen terme est destiné à financer des équipements et, dans la catégorie privé, on trouve aussi bien les gros investissements que l’Ansej et la Cnac. De ce fait, si on compare cette masse de crédits, avec l’emploi créé et les actifs existants, avec leur équivalent public, on découvrira que le secteur public a été la plus grande supercherie économique de l’histoire du pays en termes de ratio financement /emplois/actifs cumulés. A quoi doit servir l’argent récupéré ? A boucler le prochain budget ? Le budget est alimenté par le fisc, et non pas les banques et les crédits recouvrés, et il ne servira à rien de faire des procédures de saisie, parce qu’il n’y aura pas de recouvrement forcé d’un argent qui n’existe plus que sous forme d’équipements invendables pour renflouer un Etat, qui lui-même renfloue des entreprises d’Etat en faillite avancée. Les banques récupèrent des dinars, quand il y en a, et elles ont besoin de dollars pour payer les nouveaux besoins, donc ces dinars, qui ne sont que des écritures toxiques dans leurs passifs et des créances dans leurs actifs, ne serviront ni au Trésor ni aux réserves de change. Ces démarches sont celles d’un gouvernement qui n’a strictement aucune idée de ce que peut être l’économie et dont les fonctionnaires aux abois redoublent de gestes de panique et de nuisance, pour achever la tâche de mise à plat de l’économie locale. Il faudra déjà penser à boucler le budget actuel avant le prochain. Celui de 2017 est impossible à cadrer hors emprunts à la Banque d’Algérie.
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