En 2017, l’Algérie a vécu un épisode politique digne de ceux diffusés par House of Cards, la série américaine qui a planché pendant sept saisons sur l’ascension du sénateur Frank Underwood, un homme politique américain qui veut occuper le siège de président des Etats-Unis, et s’y maintenir par tous les moyens. Si dans le cas algérien, nous ne sommes pas dans la même configuration, la scène politique a assisté, médusée, à une passe d’armes entre un Premier ministre qui se disait investi par le président Bouteflika pour mettre au pas certains oligarques, Saïd Bouteflika, le frère du Président et Ahmed Ouyahia dont le retour à la gestion des affaires n’était pas programmé. Tout débute le 25 mai au lendemain du limogeage inattendu du «fidèle» Abdelmalek Sellal de son poste de Premier ministre, débarqué par le clan qui le soupçonnait de vouloir se «placer» en vue de la présidentielle de 2019, et la nomination de Abdelmalek Tebboune au poste de Premier ministre. A partir de cette date et durant 80 jours, le pays va vivre au rythme d’une bataille rangée comme il n’en a jamais encore connu entre un Premier ministre, issu du sérail, s’attaquant publiquement à l’homme d’affaires et président du FCE, Ali Haddad, par ailleurs grand argentier des campagnes présidentielles de Bouteflika, avant d’être lui-même rappelé à l’ordre par une instruction afin qu’il mette un terme à un «véritable harcèlement des opérateurs économiques». Le coup de grâce aura lieu un 30 juillet sous le soleil d’Alger et alors que l’on mettait en terre un ancien Premier ministre, Rédha Malek, au cimetière El Alia. En présence de ce que le pays compte comme les plus importants responsables et devant les caméras de la télévision d’Etat, l’ENTV, Saïd Bouteflika désavouait publiquement un Premier ministre livide en s’affichant ostensiblement avec l’homme d’affaires et enterrait définitivement la campagne de la «séparation entre l’argent et pouvoir». Le 15 août, le Président mettait fin au supplice de M. Tebboune et désignait son directeur de cabinet et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, à la tête du gouvernement. Pour celui qui fut déjà Premier ministre entre 2008 et 2012, c’est un retour aux affaires, au moment où les recettes pétrolières sont en chute libre et que le matelas de devises fond comme neige au soleil. Cela n’empêche pas les hommes du Président de monter au créneau chaque fois que l’occasion se présente pour critiquer le chef du RND, soupçonné de vouloir tirer profit de la situation actuelle de vacance du pouvoir. Face aux attaques dont il est l’objet, les milieux politiques ont déjà anticipé la nomination de Noureddine Bedoui comme Premier ministre en 2018. Il aura la lourde tâche d’organiser la prochaine présidentielle.
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