La fin de l’année 2017 a été marquée aussi par la grandiose mobilisation pour la promotion effective de la langue amazighe. Alors que le pouvoir croyait avoir définitivement soustrait cette question à la revendication populaire après l’officialisation de la langue amazighe, la réponse lui est venue subitement. Et pas seulement d’une seule région, comme ce fut le cas durant les décennies précédentes. Certes, la mobilisation a commencé en Kabylie, mais elle s’est étendue cette fois-ci aux Aurès, à Ghardaïa et à Biskra où l’un des héros berbères, Aksil (Kouceila), a laissé d’importantes traces. Des marches et des rassemblements pacifiques ont été organisés dans toutes les régions pour exiger l’application des dispositions de la Constitution amendée en 2016. Tout a commencé à l’occasion du vote sur le projet de loi de finances 2018, le 26 novembre dernier. Dans l’hémicycle, les députés de la majorité FLN-RND-MPA-TAJ ont rejeté un amendement proposé, dans la partie divers du projet, par la députée du PT, Nadia Chouitem, portant sur l’engagement de l’Etat à généraliser l’enseignement de tamazight. Le pouvoir fidèle à la provocation L’attitude de la commission des finances et du budget de l’Assemblée et celle des représentants des partis au pouvoir provoquent une colère, amplifiée sur les réseaux sociaux. La polémique enfle par la suite, pour donner naissance à une forte mobilisation, notamment dans les écoles et les universités. Dans l’ensemble, les manifestations se sont déroulées dans le calme et les citoyens ont prouvé, encore une fois, que sans la provocation, la liberté de manifester est exercée de manière civilisée. Cela s’est confirmé sur le terrain à Tizi, à Béjaïa et Tkout (Batna). L’intervention de la police à Bouira pour empêcher une marche pacifique des étudiants a donné suite, en revanche, à de graves événements. Mais le recours à la manipulation et à la répression démontre que l’usage de la force n’est d’aucune utilité devant la détermination des défenseurs, convaincus que leurs causes sont justes. La leçon de ce mois de décembre est lourde de sens. Après 60 ans de répression de la langue et la culture amazighes de l’Algérie, le régime a été surpris par la montée de la conscience identitaire qui s’étend désormais à l’ensemble du territoire.
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