Après avoir limité à dix le nombre des acteurs économiques autorisés à opérer dans la filière de l’industrie automobile, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient de prendre une autre «décision» consistant à «différer» la mise en application de celle du 14 décembre dernier au 31 janvier 2018. Un report qui fait suite à la demande du ministère de l’Industrie et des Mines, selon le document reçu par ce même ministère et d’autres institutions, notamment les Finances, le Commerce et l’ANDI. Selon la nouvelle «instruction» du Premier ministre, ce report devrait permettre aux services concernés de «réexaminer et d’étudier les dossiers, surtout ceux écartés, et personne ne sera lésé». On s’attend ainsi à ce que la liste des opérateurs qui seront autorisés dans la production et le montage automobiles soit rallongée. Dans un courrier adressé le 14 décembre dernier au ministère de l’Industrie, le Premier ministère a dévoilé une liste nominative des sociétés autorisées à activer en Algérie dans le secteur de l’assemblage automobile. Le gouvernement avait retenu, concernant les véhicules particuliers (VP), cinq opérateurs : Renault Algérie Production, Sovac Production, Tahkout Motors Company, Peugeot Algérie Production, Nissan Algérie et cinq autres pour le segment des véhicules utilitaires (VU) et des poids lourds (camions et bus), qui sont Ival Industrie (Iveco), SPA Frères Salhi (MAN), Savem du groupe Haddad (Astra), Tirsam et GM Trade (Shacman et Higer). Dans son courrier, le Premier ministre a justifié sa décision par le souci de préserver les réserves de change du pays. Il a en outre mis en garde les récalcitrants : «Toute autre entreprise activant dans ce domaine qui n’a pas obtenu d’accord formel des services du ministère de l’Industrie et des Mines, ni reçu l’accord du Conseil national de l’investissement (CNI) est considérée en situation irrégulière et devra cesser ses activités. Les administrations concernées, notamment celles de l’Industrie, devront prendre des dispositions pour cesser d’importer les intrants nécessaires pour leurs activités.» Cette démarche du gouvernement, qualifiée du reste par certains experts d’«arbitraire» et même d’«anarchique», a néanmoins suscité beaucoup de colère et d’inquiétude parmi les opérateurs exclus. Des constructeurs se sont en effet interrogés au lendemain de la note d’Ouyahia sur quelle base ont été choisis les dix opérateurs autorisés à exercer dans l’industrie automobile. Pourquoi l’omission dans cette liste d’opérateurs déjà en activité, à l’image de la société GMI (Global Motors Industry) basée à Batna pour la marque Hyundai (camion) et la société Gloviz (filiale de Global Motors) pour la marque KIA ? Mais pas seulement, ce sont tous les projets annoncés depuis 2014, année où le gouvernement avait contraint les concessionnaires à investir dans l’industrie automobile, qui ont été balayés par la première note du Premier ministère. Que deviennent les projets du groupe Emin Auto (JAC/JMC), Renault Trucks/Volvo, de Cevital, de CFAO (Diamal pour Fuso), Scania, Kiv/Foton, Fiat, Toyota Algérie, Elsecom, etc ? Le précédent document des services du Premier ministère n’a pas précisé les critères de sélection des «5+5» autorisés à investir dans la filière de l’industrie automobile. Ce qui a même fait réagir la secrétaire générale du PT, qui s’est demandée, elle aussi, «sur quelle base ont été sélectionnés les dix industriels». Maintenant que le gouvernement a décidé de se donner le temps pour revoir sa copie, il est à se demander qui seront les «rattrapés» parmi la liste des 89 projets d’agréments déposés au niveau du ministère de l’Industrie et des Mines ? On en sera peut-être davantage dans un mois.
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